Le jeu
Chaque joueur dirige une compagnie ferroviaire qu’il va tenter de faire prospérer dans le Nord Ouest des Etats-Unis. Il vous faudra construire vos lignes de chemin de fer pour transporter des marchandises à bon port, améliorer vos locomotives et gérer votre portefeuille. Tout ceci coûte de l’argent et votre gestion devra donc être rigoureuse si vous ne voulez pas faire faillite.
Serez-vous capable de développer votre réseau ferroviaire et d’en tirer un maximum de bénéfice ?
Comment ça marche
Le plateau de jeu représente le Nord Est des Etats Unis. Les cases sont en forme d’hexagone et il y a quelques villes de différentes couleurs. Au début de la partie, on dispose des petits cubes de couleur sur les différentes villes.
Le jeu est divisé en un certain nombre de tours, dépendant du nombre de joueurs, et chaque tour est constitué de 9 phases, qui sont :
Emettre des actions : cette phase permet de gagner de l’argent liquide qui permettra d’effectuer de nombreuses actions durant le tour. Cela fera cependant perdre des points à la fin de la partie.
Enchères pour l’ordre du tour : les joueurs misent leur argent pour déterminer l’ordre du tour, il est préférable de jouer en premier.
Choix des actions spéciales : dans l’ordre du tour, les joueurs choisissent un action spéciale parmi 7. Ces actions procurent des pouvoirs spéciaux uniques aux joueurs.
Construction des rails : les joueurs vont construire des lignes de chemin de fer sur le plateau. Ces constructions ont un coût qui dépend du terrain. Les joueurs indiquent les liaisons ( = ensemble de rail entre 2 villes) qu’ils ont construites. Le joueur qui a choisi l’action spéciale "Urbanisation" peut transformer une petite ville en grande ville ( = ville dans laquelle on peut acheminer des marchandises).
Déplacement des marchandises : par deux fois, les joueurs vont pouvoir déplacer un cube de marchandise vers une ville de la même couleur. Il faut pour cela avoir des locomotives suffisamment puissantes. On améliore ses locomotives en refusant de déplacer des cubes ou en choisissant l’action spéciale correspondante. Les propriétaires des liaisons utilisées verront leur revenu augmenter.
Revenus : les joueurs vont toucher de l’argent en fonction de leur revenu (qui augmente grâce aux déplacements de marchandises).
Frais et impôts : les joueurs vont payer des frais. Ces frais augmentent avec les actions émises et la puissance des locomotives. On paye en monnaie, si on n’a pas assez, on paye avec son revenu, si on n’a pas assez, c’est la banqueroute. Si les revenus ont atteint un certain niveau, on en perd pour simuler les impôts.
Production : grâce à des jets de dés, certaines villes vont recevoir de nouveaux cubes de marchandises (on sait à l’avance quelle marchandise arrivera dans quelle ville, mais on ne connaît pas le moment de cette arrivée).
Avancée du compteur de tour : comme son nom l’indique...
Après un certain nombre de tours dépendant du nombre de joueurs, la partie s’achève et les joueurs gagnent des points pour le revenu qu’ils ont acquis et pour les portions de rail qu’ils ont construites sur le plateau. Ils perdent des points pour les titres qu’ils ont émis. Le joueur qui a le plus de points remporte la partie.
Critique
Age of steam est un gros jeu, long, proposant beaucoup de choix pour les joueurs mais qui reste malgré tout relativement fluide. C’est l’une des bonnes surprises du début de l’année 2003. Doté d’un matériel au graphisme médiocre, Age of steam n’attire pas l’œil. Il faudra donc surpasser cette première impression pour aller chercher plus loin un jeu aux nombreuses qualités.
Le jeu se déroule plus ou moins en 2 phases : une première durant laquelle vous devrez équilibrer vos comptes, et une deuxième où vous pourrez vivre sur vos bénéfices et chercher une manière optimale pour gagner un maximum de points.
La première "phase" peut s’avérer difficile. En effet, à la fin de chaque tour, vous touchez vos revenus (qui ne proviennent que du transport de marchandise) et vous payez vos frais. Au début de la partie, vos locomotives ne sont pas puissantes, donc vos revenus ne peuvent pas augmenter rapidement. Par contre, vous pouvez avoir besoin d’argent liquide, et dans ce cas, il vous faudra émettre des titres qui vous coûteront par la suite de l’argent. Terrible engrenage, qui donne une partie de son intérêt à ce jeu.
L’autre coté sympathique, c’est l’action spéciale choisie en début de tour. Cette action permet aux joueurs de faire quelque chose que les autres joueurs ne pourront pas faire à ce tour (construire plus de rails, faire apparaître une nouvelle grande ville sur le plateau,...). Le choix de cette action est important. En fonction de votre position sur le plateau et des possibilités de vos adversaires, vous devrez choisir la bonne.
Le jeu garde une bonne part d’interaction grâce aux réseaux que tout le monde peut emprunter. Certes, passer par un réseau adverse rapporte des revenus au joueur concerné, mais peut vous permettre de gagner beaucoup d’argent. L’ordre du tour est primordial. Construire avant les autres pour leur prendre leurs emplacements, déplacer les marchandises avant les autres pour les emmener où VOUS le voulez, etc.
Les nombreuses possibilités de développement offrent à Age of steam une durée de vie correcte, avec beaucoup de choix pour les joueurs et un plaisir renouvelé par les réseaux construits par les joueurs, toujours différents, et l’emplacement initial des marchandises qui peut changer la configuration de la partie. De plus, les nombreuses extensions sorties (nous en parlerons plus tard) renforce cette durée de vie.
Au niveau matériel, le jeu n’est pas très joli, comme je l’ai signalé plus haut. Cependant, je trouve que le plateau reste très lisible, même lorsqu’il y a des rails partout, et la boîte est bien remplie : beaucoup de pions en bois et de nombreuses tuiles cartonnées. Un jeu, qui avec un traitement graphique plus "professionnel", aurait pu être de toute beauté : dommage.
Conseils tactiques et stratégiques
En début de partie, votre but est de gagner de l’argent. Faites malgré tout attention à l’émission de titres : les titres émis vous coûteront de l’argent tout au long de la partie et vous feront perdre des points lors du comptage final.
Cependant, jouer l’économie à outrance peut vous bloquer dans votre développement. Il faut savoir émettre des titres au moment où vous en avez besoin pour remporter une enchère pour l’ordre du tour ou construire des rails chers (montagne, fleuve) ou nombreux (avec l’ingénieur).
Lorsque vous êtes premier joueur, n’oubliez pas qu’avec les actions spéciales, un joueur peut construire ou déplacer des marchandises avant vous. Si vous êtes en concurrence directe avec un adversaire, n’hésitez pas malgré tout à choisir l’une de ces actions spéciales.
Le plateau de production ne se remplit que si un joueur choisit l’action production. Pour rendre cette action plus puissante et intéressante, jouez la avec la variante proposée par Bruno Faidutti. Elle consiste à piocher 4 cubes au lieu de 2 et d’en placer 2 sur le tableau de production. Les deux autres cubes sont remis dans la réserve.
Ne tombez pas dans l’excès d’économie : se développer en loco au début du jeu est primordial pour la suite.
N’oubliez pas l’importance de l’action "Urbanisation" qui peut vous permettre de créer une "arrivée" à des marchandises que vous ne pourriez pas acheminer autrement.
Public
Des règles longues et assez touffues, des parties qui tournent aux environs de 3 heures, Age of steam n’est clairement pas un jeu axé tout public. Seuls des joueurs assez expérimentés pourront se frotter à ce gros jeu de train.
Il ne faut pas oublier non plus que les jeux de train ont quelque fois du mal à trouver leur public, le thème faisant un peut trop "sérieux". N’oubliez pas qu’une fois le premier tour passé, Age of steam devient plutôt fluide. Cette caractéristique permet de le faire essayer à des joueurs qui ont moins d’expérience mais qui veulent "goûter" à du gros jeu.
Les extensions
Maps set #1 :
Carte Angleterre : Cette carte ressemble beaucoup à la première. La différence majeure est la présence d’une seul ville "rouge" : Londres. Cela entraine la création d’un véritable nœud ferroviaire qu’il faut apprendre à gérer pour se donner de bonnes chances de victoire. Cette carte a l’avantage d’être jouable avec des débutants, elle peut aussi être jouée à 6. On regrettera juste le peu de changements par rapport au jeu de base.
Note de la carte : 8/10
Carte Irlande : Cette carte est réservée à des parties pour 3 ou 4 joueurs. On y voit des liaisons maritimes, qui coûtent 6 à construire mais qui donne accès à des couleurs inaccessibles autrement. Cependant, on ne peut prendre le contrôle que d’une seule liaison maritime par tour. L’action Urbanisation est modifiée : on ne place une nouvelle grande ville, on retire un cube du plateau. C’est une action assez méchante mais qui peut s’avérer payante. L’action locomotive perd aussi beaucoup d’intérêt. Il y a de plus de nombreuses villes qui servent de départ pour des cubes mais qui ne sont pas des villes d’arrivée.
Cette extension change donc beaucoup de choses au jeu. La carte est assez petite, avec peu de villes et des actions spéciales moins intéressantes : cela rend donc la carte très intéressante pour un petit nombre de joueurs. Cependant, un certain déséquilibre semble se créer à 3 joueurs. Je pense donc que Irlande est surtout une carte pour 4 joueurs. Elle renouvelle en tout cas bien le jeu.
Note de la carte : 10/10
Maps set #2 :
Carte USA Ouest : La carte est divisée en 2 moitié : l’Ouest, avec 2 grandes villes et de nombreuses montagnes (qui coûteront 5 à construire) et l’Est avec 4 grandes villes, des marais et des fleuves (qui coûteront 4 à construire). Au delà du fleuve, de grandes plaines d’étendent jusqu’aux montagne. Sur cette carte, les joueurs commencent avec 10$ supplémentaires (mais toujours 2 actions émises). Le réseau devra commencer dans l’une des 6 villes placées sur le bord du plateau et rester connexe jusqu’à ce qu’une liaison transcontinentale ait été établie. Cette liaison rapporte 2 de revenus aux deux joueurs qui l’établissent (ou 4 si le joueur est seul, mais c’est très dur à réaliser).
USA Ouest est la seule carte où les montagnes sont vraiment centrales. En plus elles sont plus chères à construire. Heureusement que les joueurs commencent avec 10$ de plus. Ensuite, il ne faut pas rater son départ, puisqu’on devra conserver un réseau connexe pendant presque la moitié de la partie. De plus, la moitié des joueurs commencera à l’ouest de la carte (partie difficile car plus chère) et l’autre moitié à l’est. Je pense que, pour cette raison, cette carte est adaptée pour 5 joueurs (3 partant de l’Est et 2 partant de l’Ouest). A 6 joueurs, on se retrouve soit avec un 3 contre 3 qui sera favorable aux joueurs de l’Est, soit dans un 4 contre 2 qui risque de tourner à l’avantage des joueurs de l’Ouest. Le même problème se pose à 4 joueurs. Cette carte apporte un plus intéressant, mais je trouve l’obligation de réseau connexe un peu trop contraignante.
Note de la carte : 8/10
Carte Allemagne : Cette carte apporte de nombreuses innovations : la capitale, Berlin, reçoit un cube, au hasard, à chaque tour. De plus, des terminaux étrangers, dont la plupart ont une couleur fixe tirée au hasard en début de partie, nécessite des coûts de construction exhorbitants pour être accessible (jusqu’à 12). Cependant, l’action ingénieur permet de réduire de moitié le coût de construction d’une tuile. De plus, il est interdit de construire des liaisons incomplètes. Cette dernière règle apporte vraiment quelque chose au jeu. De plus, l’action Ingénieur ayant été modifiée, il s’agit d’une contrainte vraiment dur à respecter.
Si Berlin apparait comme un Eldorado au début, il faut faire attention, car si il y a trop de joueurs à la convoiter, son effet sera nettement amoindrie. Le sud de la carte est aussi très intéressant, mais les montagnes rendent les coûts difficiles. En tout cas, Allemagne est une carte intéressante, jouable à 6, avec de vraiment bonnes idées.
Note de la carte : 10/10
Maps set #3 :
Carte Scandinavie : Annoncée pour 3 à 6 joueurs, cette carte n’est vraiment jouable qu’à 3 ou 4 joueurs. Au delà, le manque de place condamne 1 voire plusieurs joueurs à subir des pertes de revenus de manière répétée. On retrouve ici encore des liaisons maritime (comme sur la carte Irlande), et une nouvelle action fazit son apparition : "Move by sea" qui autorise à déplacer un cube d’une ville cotière vers une autre ville cotière. Vu la physionomie de la carte, c’est quasiment l’action la plus puissante et on cherchera souvent à se l’approprier.
Le manque de place oblige à se battre plus pour s’en sortir, et les parties sont très différentes. La tension est palpable et il faut tout calculer au plus juste. Cependant, pour ne pas être dégouté de cette carte, il faut être prévenu dès le début : elle est dure, vraiment très dure. Je vous aurez prévenu !
Note de la carte : 10/10
Carte Corée : Couverte de collines (3 à construire), la première chose qui frappe l’oeil sur cette carte, c’est l’absence de couleur : toutes les villes sont noires. Pendant le jeu, les villes auront en réalité une couleur correspondant aux cubes qui s’y trouveront. La plupart des villes seront donc multicolores, mais surtout, seront amenées à changer de couleur au cours du jeu. C’est extrêmement déroutant et ça ne facilite pas les planifications. Cependant, je trouve la carte intéressante car elle oblige à réfléchir différemment, à beaucoup tenir compte du tableu de ravitaillement, et à prévoir plusieurs plans pour s’assurer des revenus. Très déroutante, cette carte de Corée est innovante et intéressante.
Note de la carte : 10/10
En conclusion
Age of steam est un jeu de bonne qualité, qui pêche surtout par son graphisme. Les parties sont assez diversifiées, riches, fluides, surtout avec des joueurs ayant au moins une partie d’expérience et il offre quelques mécanismes bien pensés.
Certes, sa durée peut effrayer, mais les jeux de cette qualité sont rares, et il serait dommage de passer à coté de celui-ci.
De plus, les extensions apportent un véritable plus au jeu, sans en complexifier les règles, ce qui est rare. La richesse du jeu, qui se confirme partie après partie, confirmant sa grande durée de vie, permette à Age of Steam d’obtenir la note maximale. Ces derniers avantages dépassent en effet largement le coté graphique loupé.
Age of Steam est incontestablement un jeu qu’il faut avoir essayé !
Pour l’instant épuisé, Age of Steam devrait être réimprimé très prochainement. Tenez-vous informé auprès de votre revendeur habituel.