Le jeu

Yinsh est un jeu abstrait où chaque joueur tente d’aligner 5 de ses pions. Facile ? Pas si sûr, car les pions peuvent changer de couleur, ce qui complique tout.

Serez-vous capable de garder la tête froide pour aligner vos pions avant que votre adversaire ne change leur couleur ?

Comment ça marche

Au début de la partie, chaque joueur dispose de 5 anneaux qu’il dispose comme il le souhaite sur le plateau, à l’intersection de deux lignes. Ce plateau est plutôt grand est d’une forme bizarre, difficile à décrire par des mots.

Lorsque les joueurs ont placé leurs 5 anneaux, la partie peut commencer. A son tour de jeu, un joueur prend un pion et le place à l’intérieur de l’un de ses anneaux, sur la face de sa couleur (les pions sont bifaces : une face blanche et une face noire). Ensuite, le joueur déplace cet anneau le long d’une ligne, jusqu’à l’intersection de son choix. Il y a deux restrictions à ce déplacement :
- il est interdit de survoler un anneau, quelle que soit sa couleur,
- si un anneau commence à survoler une succession de pions, il doit s’arrêter sur la première intersection libre qu’il rencontre.

De plus, lorsqu’un anneau survole des pions, tous les pions survolés sont retournés et changent donc de couleur.

Lorsqu’un joueur réussi à aligner 5 pions de sa couleur, il les retire du plateau et il doit aussi retirer l’un de ses anneaux. Le premier joueur qui retire 3 de ses anneaux (et qui a donc réussi 3 alignements de 5 pions) remporte la partie.

Critique

Yinsh est donc un jeu abstrait pour deux joueurs (catégorie qui regroupe les célèbres Abalone ou Othello/Reversi) qui appartient au projet Gipf (les autres jeux du projet Gipf seront chroniqués prochainement). Autant le dire tout de suite, Yinsh est mon jeu préféré de ce projet et c’est un jeu tout simplement génial.

Au début, on est un peu perdu, car le plateau de jeu est grand et qu’on ne sait pas trop comment on va s’y prendre pour jouer. En même temps, les règles sont simples et le but du jeu clairement identifié. On commence à placer ses pions, si possible à changer la couleur des pions adverses et on essaye d’aligner simplement les 5 pions.

Yinsh ressemble donc à un croisement entre Othello/Reversi (pour le changement de couleur des pions) et Pente (pour l’alignement des 5 pions). Cependant, on s’aperçoit après quelques parties qu’il va plus loin et qu’il offre des possibilités qui n’existent pas dans ces deux jeux. Entre autre, la prise de contrôle des bords et des coins, essentielle dans une partie d’Othello, s’avère moins évidente et moins lucrative à Yinsh. De plus, le plateau étant relativement grand, de nombreuses possibilités sont offertes à chaque tour de jeu.

Un point fort du jeu est aussi l’affaiblissement du joueur en tête. En effet, lorsque vous réussissez un alignement de 5 pions, vous devez retirer ses 5 pions et l’un de vos anneaux. La disparition des 5 pions offre souvent de nouvelles possibilités pour le prochain coup de votre adversaire et vous retire aussi certaines possibilités d’alignement (puisque vous avez moins de pions sur le plateau). La perte de votre anneau restreint évidemment le champ de vos possibilités de jeu puisque vous avez une possibilité de déplacement en moins.

Les possibilités tactiques de Yinsh sont énormes et, avec ce jeu, Kris Burm a réellement créé un chef d’oeuvre du jeu abstrait, d’une richesse incroyable. Les parties sont toujours renouvelés, on découvre de nouvelles possibilités à chaque partie et le jeu possède donc une durée de vie incroyable.

Conseils tactiques et stratégiques

- Comme à Othello/Reversi, le contrôle des bords est intéressant. Placer des pions sur les bords du plateau peut donc être intéressant. Cependant attention, l’intérêt de ce placement n’est pas le même que dans Othello. Ici, on cherche à se créer une base solide qui servira de point de départ à nos alignements futurs.
- "Le jeu au centre" est rapide et permet donc de faire des alignements en quelques coups. Il faut cependant faire attention à ce que votre adversaire ne puisse pas convertir un grand nombre de vos pions en un seul coup.
- N’oubliez jamais qu’il est interdit de survoler des anneaux. Eviter le plus possible (sauf pour des raisons tactiques à certains moments) de placer plusieurs de vos anneaux sur la même ligne.
- C’est aussi cette règle qui permet de bloquer le plus facilement le déplacement des anneaux adverses. Il est ainsi possible de "protéger" ses pions en plaçant ses anneaux à coté pour en interdire le survol.
- N’oubliez pas, lorsque vous réalisez un alignement de 5 pions, que vous allez perdre ces 5 pions et 1 anneau. La disparition des 5 pions peut offrir des coups très intéressants à votre adversaire, il peut être parfois préférable d’y renoncer. De plus vous perdez un anneau et donc des possibilités de jeu.
- Faites très attention à l’anneau que vous retirez lorsque vous réalisez un alignement : il faut le choisir avec soin pour garder un maximum de possibilités tout en continuant à gêner les déplacements adverses.

Public

Yinsh possède des règles extrêmement simples, explicables en une minute. La taille du plateau de jeu offre beaucoup de possibilités mais permet aussi de développer ses pièces pour créer ses alignements. On peut préparer des pièges, mais le jeu n’est pas "tordu" comme pourrait l’être Zertz. Yinsh peut donc être joué avec toute personne qui n’est pas complètement allergique aux jeux abstraits et je pense même qu’il est un bon moyen de faire changer d’avis ceux qui ne joue pas/plus aux jeux abstraits.

En conclusion

Yinsh, grâce à ses règles simples, à son grand plateau permettant des déplacements intéressants et aux changements perpétuels (apparition et disparition de pions, changement de couleur de ces pions) qui se produisent sur le plateau, est très clairement un incontournable des jeux abstraits. Mêlant très grande riches et simplicité, il est à même de séduire de nombreux joueurs, aussi bien occasionnels que chevronnés.

Toutes ces qualités permettent à Yinsh d’obtenir sans problème la note maximale.