Le jeu

Attika est un jeu dans lequel vous allez développer votre cité en construisant divers bâtiments à l’aide de ressources se trouvant sur le plateau où que vous aurez récupérées. Pour remporter la partie, vous devrez construire tous vos bâtiments ou relier 2 temples se trouvant sur les bords du plateau.

Serez vous capable d’être plus rapide que vos adversaires et de les ralentir suffisamment pour obtenir la victoire ?

Comment ça marche ?

Au début de la partie on utilise un certain nombre de grandes tuiles pour construire le plateau. Les tuiles sont piochées aléatoirement dans le stock et la taille du plateau créé dépend du nombre de joueurs. On place ensuite les temples aux endroits adéquats.

Les joueurs prennent ensuite leur plateau personnel et leurs 30 pions Bâtiments. Ces pions sont posés en 4 piles devant eux : 1 pile pour les bâtiments noirs (bâtiment de "départ") et 3 piles pour les bâtiments blancs. Chaque joueur pioche ensuite 1 bâtiment de chaque pile et les pose sur les cases correspondantes de son plateau de jeu. Le plateau de jeu représente en effet les 30 bâtiments rassemblés en 7 groupes (le groupe de la ville, celui de la défense, le groupe maritime, etc...). Chaque groupe contient un nombre différent de bâtiments (de 2 à 10). Chaque joueur pioche ensuite un certain nombre de cartes représentant les matières nécessaires à la construction et la partie peut alors commencer.

A son tour, un joueur peut :
- soit construire 3 bâtiments de son plateau personnel sur le plateau de jeu,
- soit piocher 2 bâtiments dans sa réserve pour les poser sur son plateau de jeu.

Pour construire un bâtiment, le joueur en prend un sur son plateau personnel et le pose sur le plateau de jeu. Il paye alors le coût de construction indiqué sur le pion. Il peut économiser les matières qui se trouvent sur la case où il pose le bâtiment et sur les cases adjacentes. Les bâtiments d’un même joueur doivent être posées les uns à coté des autres. Si le joueur veut commencer un nouvel ensemble de bâtiments sur le plateau, il doit payer un surcoût. Cette action peut être réalisée 3 fois. De plus, les bâtiments dépendent les uns des autres. Sur les plateaux personnels, il y a des flèches entre les bâtiments. Si un joueur construit un bâtiment pointé par une flèche, à coté du bâtiment qui se trouve à l’autre extrémité de cette flèche, le coût de construction est de 0 ressource. Les bâtiments noirs (les bâtiments de départ) ne peuvent pas être construit gratuitement car aucune flèche ne pointe vers eux.

Si le joueur choisit l’autre action, il pioche un bâtiment au sommet de l’une de ses piles et le pose sur la case correspondante de son plateau personnel. Si c’est possible, le joueur peut aussi construire directement le pion qu’il vient de piocher sur le plateau de jeu. Cette action peut être réalisée 2 fois.

Un joueur peut aussi réaliser moins d’actions que ce qui est autorisé pour piocher des cartes à la place.

Lorsqu’un joueur pioche le dernier bâtiment de l’une de ses piles de pions, il doit piocher une grande tuile et agrandir le plateau de jeu à sa convenance.

Si un joueur parvient à construire tous les bâtiments d’un groupe les uns à coté des autres, il gagne le droit de réaliser une action supplémentaire, immédiatement ou plus tard dans la partie.

Un joueur remporte la partie s’il relie deux temples par une chaîne continue de bâtiments de sa couleur où s’il est le premier à construire ses 30 bâtiments.

Critique

Attika est un atypique : les règles sont courtes et simples (4 pages bien aérées), mais il y a quelques cas particuliers qui font qu’elles ne sont pas assimilables dès le début de la partie ; le matériel est agréable, mais ça aurait pu être mieux ; le thème est sympa, mais pas complètement bien rendu (on peut, par exemple, construire des ports en pleine montagne) ; le jeu est assez tactique, mais le hasard peut s’avérer gênant.

Le premier sentiment que l’on peut avoir vis à vis d’Attika est donc plutôt ambigu. Mais voilà, lorsque l’on y joue, le plaisir est là, les possibilités de jeu sont vraiment intéressantes à exploiter et on enchaîne facilement les parties. Mais qu’a-t-il donc de si intéressant ce petit jeu ?

Evidemment plein de choses. Le plus intéressant, de mon point de vue, reste la possibilité de gagner de 2 manières différentes mais qui restent malgré tout liées l’une à l’autre. La manière la plus simple et la plus rapide, c’est de relier 2 temples entre eux. C’est-à-dire, pour la plupart du temps, tenter de s’étendre rapidement sur le bord du plateau en espérant que les autres ne vous bloqueront. Cette technique peut d’ailleurs s’avérer efficace lors des premières parties et fait toujours l’objet d’âpres discussions pour savoir quel adversaire doit empêcher untel d’atteindre son but. Et tout le sel du jeu réside ici. En théorie, il est évidemment très difficile de gagner en reliant 2 temples, pour la bonne et simple raison qu’il suffit de construire un bâtiment sur votre chemin pour vous retarder. Le problème, c’est que la construction de ce bâtiment peut coûter cher. Et c’est là qu’intervient le deuxième but du jeu : construire ces 30 bâtiments. Pour réussir à atteindre cet objectif, il faut dépenser moins de ressources que les autres. Il faut donc obliger les autres à dépenser plus de ressources. Pour cela, le plus simple reste de les obliger à construire des bâtiments qui leur coûteront cher pour vous empêcher de gagner. Et dans une partie à plusieurs joueurs, cela peut entraîner de nombreuses discussions.

C’est aussi à ce moment-là qu’on se rend compte que toutes les autres petites règles supplémentaires sont fondamentales car elles obligent à dépenser plus dans certains cas (que l’ont tentera d’exploiter contre ses adversaires) ou au contraire à économiser (ce que l’on essaiera de faire le plus souvent possible). C’est la très bonne imbrication de ce tout qui donne son ambiance particulière aux parties d’Attika. On peut jouer de 2 à 4 joueurs. Le jeu sera plus tactique et bien plus contrôlable à 2 joueurs, mais personnellement, je trouve qu’il manque un peu de sel, et je préfère nettement y jouer à 3 ou 4. Dans cette configuration, il devient possible de jouer profil bas lorsque l’on tente de relier deux temples et de monter ses adversaires les unes contre les autres pour qu’ils détournent leur attention de vous. On tente alors de relier les deux temples, en évitant aussi que vos adversaires ne fassent de même et en cherchant toujours l’économie pour rester en course dans la victoire aux 30 bâtiments.

Au niveau du matériel, le design est assez typé, mais je le trouve agréable. Le matériel est solide à l’exception des plateaux personnels des joueurs, qui sont un peu trop fin. Sinon, les tuiles sont en carton fort, les cartes sont toilées et ne s’abîment pas trop malgré une manipulation importante au cours d’une partie. On regrettera seulement l’absence de marqueurs. En effet, lorsque l’on construit un bâtiment sur le plateau, il est bien utile de pouvoir le marquer sur son plateau personnel. Mais ce n’est pas prévu. De simples cubes en bois aurait pourtant fait l’affaire et il est dommage de devoir ouvrir une autre boite de jeu lorsque l’on fait une partie d’Attika (car il n’est pas aisé de jouer sans marquer les bâtiments construits). C’est clairement LE gros défaut de ce jeu, qui reste malgré tout très agréable à jouer. Je le recommande à tous ceux qui aiment bien les jeux tactiques où le hasard reste subtilement présent et où les parties sont agréablement tendues.

Conseils tactiques et stratégiques

- N’oubliez jamais que vous aurez besoin de cartes pour gagner et pensez-donc à en récupérer régulièrement.
- Les groupes sont une notion importante du jeu : ils permettent à la fois d’obtenir des réductions, mais aussi des actions gratuites. Vous devrez donc faire très attention à eux. Cependant, ne vous obstinez pas trop et rappelez-vous que le groupe de la ville est très difficile à terminer.
- Lorsque vous piochez, prenez toujours des pions dans la même pile (enfin, lorsque vous désirez des bâtiments "blancs") jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Vous pourrez ensuite piocher le dernier pion lorsque vous aurez besoin de rajouter une tuile au plateau de jeu.
- N’oubliez que rajoutez une tuile au plateau peut soit servir à vous ouvrir une voie vers un temple, soit empêcher quelqu’un de se créer une telle voie, soit vous permettre de profiter de plein de nouvelles ressources.
- Si vous êtes le seul à être présent dans un endroit où il y a plein de ressources, posez d’abord vos bâtiments sur des cases blanches pour pouvoir profiter à plusieurs reprises d’une réduction.
- N’attendez pas le dernier moment pour piocher des bâtiments noirs, cela vous pénaliserez rapidement.
- Mettez constamment vos adversaires sous pression pour les obliger à dépenser de précieuses cartes pour vous bloquer.
- Evitez au maximum la construction de nouvelles colonies, sauf si cela fait partie d’une stratégie mûrement réfléchie (mais qui sera forcément risquée).
- N’hésitez à économisez vos actions supplémentaires. En ajoutant une tuile au plateau au bon moment et en dépensant plusieurs amphores en même temps, vous pourriez réussir à relier un temple. C’est très efficace et plus difficile à contrer.

Public

Malgré des règles simples et des parties assez courtes (entre 45 et 75 minutes en fonction de la condition de victoire atteinte), le thème et les quelques exceptions aux règles destinent Attika à un public, sinon averti, au moins motivé. Des joueurs peu habitués pourraient facilement trouver le jeu un peu froid, de même que des joueurs avertis cherchant des choses plus profondes en terme de thème. Car Attika reste un pur produit de l’école allemande : un thème pas trop présent (mais quand même agréable), des parties rapides, un peu de hasard mais pas trop. Si cette école vous plaît bien, vous pouvez essayer Attika les yeux fermés, c’est vraiment du bonheur. Sinon, il y a peu de chance que le jeu vous convienne. Cependant, je pense qu’Attika peut s’avérer un bon moyen d’aborder des jeux intermédiaires pour des gens ayant déjà essayé des jeux allemands plus simples.

Conclusion

Attika est un jeu agréable à jouer, où les retournements de situation et les surprises de dernière minute sont toujours possibles. Il est très fin tactiquement et offre un bon compromis entre légère stratégie, tactique de tous les instants et prise de risque calculée. Si les marqueurs pour les bâtiments construits avaient été fournis, le jeu serait quasiment exempt de défaut.

Si on peut lui reprocher une part de hasard un peu trop importante, il ne fait pas oublier que la victoire se construit quand même sur le long terme. Créé pour 2 à 4 joueurs, les échos que j’en ai semble dire qu’il est difficile à apprécier dans les deux configurations. Personnellement, c’est à 4 que je le préfère.