Le jeu

Le Seigneur des Anneaux s’inspire évidemment du roman du même nom de J.R.R. Tolkien. Chaque joueur va prendre le rôle d’un hobbit de la Comté et les joueurs, tous ensemble, vont affronter le Mal pour tenter de détruire l’Anneau dans la Montagne du Destin.

Le Seigneur des Anneaux est donc un jeu coopératif où les joueurs devront s’entraider pour remporter la victoire face au jeu.

Serez-vous capable de surmonter les épreuves qui vous attendent pour détruire l’Anneau ?

Comment ça marche

Au début de la partie, chaque joueur choisit un Hobbit (Frodon, Sam, Merry, Pippin ou Dick), qui aura un pouvoir particulier, et reçoit 6 cartes Hobbit. Chaque joueur place sa figurine Hobbit sur la case 0 du plateau principal et la fugurine de Sauron est posé sur la case 15. Frodon reçoit l’anneau. On place ensuite les marqueurs sur les emplacements correspondants du premier plateau secondaire, La Moria. L’un de ces marqueurs est posé en haut de l’échelle des événements, un autre au début du chemin principal, et les deux autres, au début des chemins secondaires.

A son tour, un joueur doit d’abord piocher une tuile. Celle-ci peut soit permettre d’avancer l’un des marqueurs, soit avoir des conséquences néfastes. L’une d’entre elle est l’avancée du marqueur d’événement. Chaque événement oblige, la plupart du temps, les joueurs à effectuer des actions (défausse de cartes, jet de dé) pour éviter des conséquences néfastes (jets de dé multiples, avancée de Sauron, avancée d’un joueur...). Si un joueur pioche une tuile "néfaste", il doit continuer à piocher jusqu’à ce qu’il fasse avancer un marqueur.

Ensuite, le joueur doit choisir entre l’un des 3 choix suivants :

Jouer 1 ou 2 cartes Jouer une carte permet de faire avancer le marqueur correspondant sur le plateau secondaire. Pour jouer 2 cartes, il faut qu’elles soient de "couleurs" différentes (il y’a des cartes blanches et des cartes grises). Cela permet, en général, de récupérer un bouclier ou un jeton de vie.

Piocher 2 cartes Là, c’est simple, le joueur pioche 2 cartes au lieu de jouer.

Reculer son Hobbit Le joueur fait reculer son Hobbit d’une case sur le plateau principal. Les Hobbits partent de la case 0 (la lumière) et avancent vers Sauron, alors que Sauron part de la case 15 (l’obscurité) et avancent vers les Hobbits. Lorsqu’un Hobbit rejoint Sauron, il meurt. Si ce Hobbit était le porteur de l’anneau, tous les joueurs ont perdu la partie.

Une aventure, c’est-à-dire un plateau secondaire, se termine soit lorsque le marqueur principal est arrivé au bout du chemin, soit quand les 6 événements de l’aventure ont eu lieu. Les joueurs doivent alors avoir récupéré un jeton de vie de chaque type. Il y a 3 types de jetons de vie, et chaque joueur avance d’une case par jeton manquant. L’anneau peut alors changer de main. Et l’aventure continue ainsi jusqu’à la victoire de Sauron ou celle des joueurs.

Critique

Réaliser un jeu de plateau coopératif basé sur le roman de Tolkien était un défi à la mesure de Knizia, l’un des tous meilleurs auteurs de jeux actuel. Le défi est relevé, car le jeu est une réussite !

La première chose qui frappe à l’ouverture de la boite, c’est la qualité du matériel : petits hobbits sympathiques même si le monochrome n’est pas du meilleur effet, un joli Sauron, un bel anneau, beaucoup de matériel cartonné et surtout 5 magnifiques plateaux illustrés par John Howe. La qualité graphique est donc au rendez-vous.

Question système de jeu, ça tourne plutôt bien : un méchant Sauron dur à battre, mais pas invincible, un système de cartes bien trouvé et des choix durs à faire, comme dans beaucoup de jeux de Knizia. Jouer, piocher ou reculer, on reconnait la "griffe" du maitre, et les décisions ne doivent pas être pris à la légère. Les joueurs se concertent et conseillent le joueur actif, mais la décision finale appartient toujours à ce dernier.

Evidemment, le hasard est relativement présent. C’est presque indispensable si on ne veut pas que le jeu devienne automatique. Tirage de tuiles, tirage de cartes, jet de dés, cela peut en énerver plus d’un. Mais les qualités de ce jeu sont à chercher ailleurs : une ambiance incomparable, des discussions animées entre les joueurs pour faire le bon choix et tenter ainsi de remporter la partie, un suspense haletant. Je pense personnellement que ce dernier ingrédient est le plus important. En effet, une victoire facile sur Sauron retire beaucoup de l’intérêt et de l’ambiance du jeu.

L’autre point noir, c’est la répétitivité : le jeu se déroule globalement toujours de la même manière. Je n’y vois personnellement pas de problème : en effet, le jeu étant basé sur l’ambiance, je pense que ce sont les joueurs, leurs discussions, leurs choix et leurs essais pour vaincre Sauron qui renouvellent l’intérêt des parties et le jeu. Je joue régulièrement au Seigneur des Anneaux, et je ne ressens aucune lassitude au terme de mes parties. Un autre moyen pour briser cette possible répétitivité est de jouer avec les extensions. Je reviendrais là-dessus en fin de critique.

Conseils tactiques et stratégiques

Cette rubrique est un peu différente pour un jeu de coopération. Je donnerais les conseils suivants pour une équipe de joueurs, comme d’habitude, ce sera à vous de trouver des "techniques" plus efficaces.

- N’oubliez jamais le pouvoir de l’anneau, mais usez-en à bon escient. L’utiliser à chaque aventure ne pose, en général, pas de problème, mais il faut le faire au bon moment, et face à un vrai danger.
- Ne cherchez pas à terminer une aventure le plus vite possible : n’oubliez pas que chaque joueur doit récupérer chacun des jetons de vie. Malheureusement, il faudra de temps en temps qu’un joueur accepte de perdre des jetons de vie pour que les Hobbits puissent continuer à avancer.
- Il est toujours préférable de terminer une aventure sur le chemin plutôt qu’aux événements : les derniers de chaque aventure sont en général très dur à surmonter.
- Discutez ! Les décisions doivent être prises en groupe. N’oubliez qu’il s’agit avant tout d’un jeu de coopération et que la victoire passe forcèment par une concertation générale.
- Même si c’est souvent très dur, il faut apprendre à se sacrifier. N’oubliez pas qu’à la fin, la défaite, mais surtout la victoire est pour tout le monde, même les morts. Ca reste quand même une belle satisfaction de se sacrifier et de se rendre compte que grâce à ça, l’équipe à gagner.

Public

Les règles du Seigneur des Anneaux sont longues et pas toujours facile à comprendre. Un joueur sans expérience pourra avoir du mal à les lire et à les comprendre. Cependant, derrière ces règles se cachent un jeu plutôt simple, relativement facile à expliquer et à jouer avec tout type de public.

Il est évident que des personnes connaissant et appréciant l’oeuvre de Tolkien seront plus réceptive à ce jeu. Cependant, j’ai déjà vu des personnes qui n’étaient pas des joueurs aguerris et qui n’avait jamais ouvert le livre être emballées par le jeu dès leur première partie.

Par contre, les gens ont souvent un avis tranché : soit ils aiment beaucoup et y rejouent volontiers, soit il n’aiment pas du tout et n’y rejouent pas. Il est donc très difficile d’anticiper la réaction d’un joueur face à ce jeu et je vous conseille donc de l’essayer avant de l’acheter.

Les extensions

Die Feinde - Les forces des ténèbres Cette première extensions rajoute 2 nouveaux plateaux (Bree et Isengart) ainsi que 30 ennemis. Les changements de règles ne sont pas nombreux : chaque Hobbit possède un pouvoir supplémentaire qu’il ne peut utiliser qu’une seule fois par partie ; si la première tuile piochée au début du tour d’un joueur permet de faire avancer un marqueur, un ennemi arrive en jeu. Si au terme du tour d’un joueur, il y a 8 ennemis en jeu, les joueurs ont perdu.

Pour vaincre un ennemi, le joueur actif, en plus de son coup normal, doit réaliser une action "néfaste" qui dépend de l’ennemi (défausse de jeton de vie ou de cartes, faire avancer Sauron, faire avancer son Hobbit vers Sauron,...). Les ennemis sont de force inégale : certains nécessitent une grosse dépense, alors que d’autre peuvent être tué pour "pas grand chose". Cependant, au lieu d’effectuer l’une des 3 actions prévue dans les règles de base, le joueur peut éliminer un ennemi sans payer le coût prévu. Il devient aussi possible de passer des aventures. Si les joueurs éliminent les 30 ennemis, ils remportent la partie, quel que soit l’endroit où ils se trouvent.

Cette extension apporte un réel plus : nouvelles possibilité de jeu, nouvelle condition de défaite, nouvelle condition de victoire ; tout cela offre de nouveaux choix aux joueurs et les discussions, donc les interactions entre eux deviennent encore plus intéressantes. Les premières parties, comme avec le jeu de base, tournent à l’avantage très net de Sauron, surtout que les deux nouveaux plateaux, les seuls qui ne peuvent pas être évités, sont terribles, avec des événements difficilement surmontables. On s’aperçoit rapidement qu’il est plus simple de tenter de gagner en éliminant tous les ennemis et en sautant des plateaux. Cette extension est vraiment indispensable et j’aurais bien du mal à jouer sans maintenant que j’y ai goûté.

- Note : 10/10

Sauron Cette deuxième extension permet à un joueur de jouer Sauron. Ce dernier jouera avec des cartes Sauron et Nazgûl. Les premières permettent de contrer la communauté, elles peuvent être jouées à chaque tour de Sauron, c’est-à-dire avant le tour de chaque joueur. Les cartes Nazgûl sont plus rares, en nombre limité, mais terrible pour la communauté. Les Hobbits reçoivent de nouveaux pouvoirs (utilisable une fois par partie) et Gandalf se fait encore plus présent. Mais un Nazgûl est aussi présent sur le plateau principal, et il complique encore la tache des Hobbits. Dur, dur...

Cette extension est, à mon avis, un peu moins essentielle que la précédente. Elle reste quand même vraiment très très bonne : de nouveaux choix pour les hobbits, donc là encore de nouvelles possibilités de jeux, la possibilité de jouer à 6 joueurs, ce qui est intéressant et le fait de jouer contre un Sauron "réel" qui peut devenir vraiment machiavélique. Sauron peut aussi relancer une part de l’intérêt pour les joueurs qui trouvent que le jeu manque de confrontation.

- Note : 9/10

En conclusion

Le Seigneur des Anneaux est un grand jeu, original, magnifique, prenant et qui ne laissera personne indifférent. Le système coopératif est bien rendu, oblige les joueurs à la discussion et donne beaucoup de piment au jeu.

Avec ses règles facilement explicables et son matériel agréable à regarder, le Seigneur des Anneaux est aussi un jeu qui peut être joué avec des joueurs débutants.

Les extensions apportent un réel plus et sont vraiment agréables à jouer. Sauron devient alors plus dur à battre, mais le défi en vaut vraiment la peine.

C’est un jeu que je conseille vivement et que vous devez, essayer, au moins pour le coté coopératif.