Le jeu

Les joueurs sont des inventeurs qui vont tenter de construire les inventions du génial Léonard. Pour cela, il vous faudra des ressources et de la main d’oeuvre. Votre main d’oeuvre vous permettra de réaliser les inventions plus vite que vos adversaires et de toucher les plus fortes récompenses. A la fin, le joueur le plus riche sera le vainqueur. Saurez-vous utiliser au mieux votre main d’oeuvre pour être le plus rapide et le plus efficace ?

Comment ça marche

Une partie de Leonardo da Vinci se joue en 9 tours : 7 normaux et 2 courts. Au début du jeu chaque joueur commence avec un "matériel" différent (soit imposé par les règles, soit, quand on connaît mieux le jeu, choisit par les joueurs). Les joueurs ont de l’argent, un maître d’oeuvre, des ouvriers, 1 ou 2 laboratoires, éventuellement des ressources. Chaque joueur peut avoir jusqu’à 2 laboratoires. Chaque laboratoire peut être amélioré et peut, ensuite, accueillir des automates.

Ensuite, chaque tour est divisé en 4 phases :
- Création des inventions : les joueurs annoncent s’ils lancent ou non des inventions dans leurs laboratoires. Ils placent les ressources nécessaires sous leur labo et placent le compteur de semaines sur la case "0" du labo.

- Placement de la main d’oeuvre : Les joueurs peuvent placer de la main dans l’un des 8 bâtiments de la ville ou dans un de leur labo. A son tour, le joueur place soit son maître d’oeuvre soit un nombre quelconque d’ouvriers dans un bâtiment. Un joueur ne peut pas poser des ouvriers en plusieurs fois sur un même bâtiment. Par contre, il est possible de poser le maître d’oeuvre là ou on a déjà posé des ouvriers et réciproquement. Lorsque les joueurs ont posé tous leurs ouvriers, on passe à la phase suivante.
- Activation des bâtiments : Pour chaque bâtiment, on établit un classement : le joueur qui a posé le plus d’ouvriers (le maître d’oeuvre comptant pour 2), est 1°,... En cas d’égalité, le joueur qui a posé ses pions en premier a l’avantage.

Le premier bâtiment est le conseil, tous les joueurs présents (sauf un quand tout le monde s’y est rendu) peuvent réaliser l’une des actions du conseil (parmi 4, le 1° au classement choisi son action en premier).

Dans les autres bâtiments, le 1° joueur réalise l’action du bâtiment gratuitement, le 2° peut la faire en payant 2 florins, le 3° en payant 3 florins et le 4° en payant 4 florins. Si un joueur refuse de payer, le prix de l’action du bâtiment n’augmente pas. S’il y a moins de 4 joueurs qui ont réalisé l’action, le 1° joueur peut à nouveau la réaliser pour son prix actuel. On continue ainsi jusqu’à ce que l’action ait été réalisée 4 fois ou que plus personne ne souhaite payer pour la réaliser.

Lorsqu’on a activé tous les bâtiments, les joueurs

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Et 7 semaines, 7

traitent leurs labos occupés : les marqueurs de temps sont avancés d’une semaine par ouvrier, 2 par automates et 2 pour le maître d’oeuvre. A ce moment, si un joueur a terminé une invention, il l’annonce et gagne la somme d’argent correspondante. Il prend ensuite la carte de l’invention. Si un joueur termine cette invention plus tard, il gagnera une somme d’argent inférieur.

Pendant les deux derniers tours, seuls les labos fonctionnent, les bâtiments sur le plateau ne sont plus accessibles.

A la fin du jeu, les joueurs gagnent de l’argent en fonction des inventions qu’ils ont récupéré au cours du jeu. Le plus riche l’emporte.

Critique

Signé par un groupe d’auteurs italiens peu connus, sorti à la fin de l’été, utilisant des mécanismes de plusieurs autres jeux, Leonardo da Vinci est un jeu qui ne laisse pas indifférent. Se rapprochant des Princes de Florence par son thème et de Caylus par son mécanisme de placement d’ouvriers, "Leonardo" devait essayer de se démarquer de ses illustres prédécesseurs. Or, le thème, s’il est assez sympa, est bien moins attrayant et moins bien rendu que celui des "Princes de Florence", et le système de placement des ouvriers est bien plus chaotique que celui de Caylus. C’est ce qui fait que certains joueurs n’ont pas été attirés ou n’ont pas apprécié ce jeu.

Mais, il faut bien avouer que suivre les traces de Léonard de Vinci, au travers d’invention plus ou moins loufoques est quand même agréable et que, surtout, le système de placement des ouvriers, par majorité, rend le jeu vraiment interactif. Alors, en effet, ça rend le jeu plus chaotique, mais cela nécessite de bien faire attention à ce que font les autres pour savoir s’ils vont se battre sur tel ou tel bâtiment et savoir comment répartir sa main d’oeuvre. Et, ils sont très rares les jeux de gestion aussi interactifs sans être des jeux de conquête. De plus, l’anticipation nécessaire pour bien construire ses oeuvres est aussi assez rare : il faut clairement construire son jeu pour réussir à faire de belles invention à la fin, et malgré les nombreuses actions disponibles, il faut bien choisir celles à faire. Les erreurs peuvent coûter très cher et Leonardo fait appel à des stratégies que l’on a pas l’habitude d’employer. Et, si l’emballage est assez convenu, il faut bien avouer que les originalités de ce jeu se cachent dans les détails. Mais à l’usage, ce sont ces détails qui font la saveur du jeu.

Le jeu repose sur une bataille pour récupérer les ressources nécessaires à la réalisation des inventions. On récupère ces ressources grâce à ses ouvriers, qui vont aussi servir à récupérer d’autres ouvriers, à améliorer les laboratoires des joueurs mais, aussi, à réaliser les inventions. Car, si vous utilisez trop d’ouvriers pour récupérer des ressources, vos adversaires termineront peut-être les inventions avant vous et vous gagnerez alors moins d’argent, qui reste quand même le but du jeu. De même, les joueurs qui n’ont pas obtenu la première place sur un bâtiment peuvent acheter la "ressource" correspondante, mais là encore, ce sont des points qui s’envolent. Plus vicieux, le joueur qui a obtenu la première place dans le bâtiment gagne la "ressource" gratuitement, mais il peut souvent en acheter ensuite une deuxième. Tout l’art du jeu consiste alors à savoir si le prix vaut le coup. Si le joueur n’en a pas besoin, il ne prend rien. Mais s’il en a besoin, soit il paye le prix fort pour en avoir une deuxième tout de suite, soit il attend un prochain tour pour l’avoir à moins cher. Mais il sera alors peut être trop tard. Mais payer tout de suite est peut être trop cher, où le joueur n’en a peut être pas les moyens, car l’argent vient vite à manquer en début de partie. Tous ces petits choix, sur une partie qui ne dure réellement que 7 tours, sont cruciaux et font toute la tension du jeu.

L’autre grosse tension vient d’une des belles originalités du jeu : les deux derniers tours. Ne se jouant que dans les labos, ces deux tours nécessitent une planification fine : il faut récupérer les bonnes ressources pour pouvoir lancer les inventions dans les derniers tours, sans en récupérer d’autres. Il faut avoir de la main d’oeuvre pour bien les faire tourner et savoir comment gérer ces deux tours. Il n’est pas rare ne plus rien avoir à faire au dernier tour. Et face à un joueur qui a bien anticipé, c’est souvent fatal. Le revers de la médaille, c’est que Leonardo demande une concentration de tous les instants, obligeant à tenir compte de ce que font les autres et à bien planifier l’achat des ressources pour réaliser des inventions régulièrement et avoir tout ce qu’il faut pour faire tourner les labos lors des deux derniers tours. Le moindre relâchement peut coûter très cher, surtout vis-à-vis des conséquences qu’il peut avoir sur ces deux derniers tours.

C’est cette tension permanente, alliée à un jeu de gestion vraiment interactif grâce au système de majorité dans les bâtiments qui fait de Leonardo un jeu à part, suffisamment original par rapport à la production actuelle (même si ça ne saute pas aux yeux), exigeant et très bien huilée. Si la part de hasard n’est pas nulle, elle reste suffisamment faible pour ne pas être trop gênante. Il faut savoir prendre quelques risques, mais aussi savoir utiliser le conseil pour mieux anticiper la fin de partie. Mais ce coté très interactif fait que "Leonardo" n’est vraiment prenant qu’à 4 ou 5 joueurs.

Conseils tactiques et stratégiques

- Une partie se gagne en environ 70 points.
- Au début de la partie n’hésitez pas à réaliser rapidement les petites inventions : elles rapportent un peu d’argent, ce qui est toujours bon en début de partie, et donne une carte qui permet de réaliser les inventions suivantes plus vite et de gagner le bonus de fin de partie.
- Surveillez ce que prennent vos adversaires pour savoir quelles inventions ils visent.
- Lorsque vous êtes dernier dans l’ordre du tour, observez bien l’occupation des labos adverses : si beaucoup sont occupés, vous pourrez obtenir les améliorations de labo et les automates plus facilement.

- L’anticipation de l’arrivée des dernières inventions est primordiale : il faut pour cela tenir du conseil qui permet de voir arriver les inventions et récupérer des combinaisons de ressources qui existent (ne pas oublier de se référer à l’aide fournie pour ça). De plus, sur l’aide, la dernière ligne correspond aux 5 dernières inventions, qui n’arrivent en jeu que très rarement.
- En début de partie, il arrive que certains joueurs délaissent les ressources (pour récupérer de la main d’oeuvre ou créer quelques inventions facilement) : n’hésitez pas à vous rendre dans les magasins : vous pourrez récupérer beaucoup de ressources à moindre coût.
- Dans cette optique, lors de la mise en place avancée du jeu, faites attention à ce que vos adversaires prennent : en choisissant des options très différentes, vous pourrez récupérer à moindre coût lors des premiers tours.
- Durant les deux derniers tours, il n’est pas possible de faire totalement une invention "or" (le labo ne peut fournir que 14 semaines au lieu des 15 requises).
- En laissant 2 ouvriers à l’université, vous en avez assez pour remplir vos labos lors des derniers tours si vous avez les 3 automates. Pour chaque automate manquant, il peut être bon d’avoir un ouvrier supplémentaire.
- N’oubliez pas de placer des ouvriers sur vos labos pour qu’ils s’occupent des inventions.
- N’oubliez pas qu’au début de chaque tour, vous pouvez renoncer aux inventions que vous êtes en train de fabriquer pour partir sur de nouvelles.
- ATTENTION, ERREUR FREQUENTE : il n’est pas possible de placer un automate sur un labo qui fonctionne.
- ATTENTION, ERREUR FREQUENTE : il est fréquent d’oublier les 2 semaines que font économiser chaque invention du même type déjà réalisée.

Public

Malgré des règles pas trop compliquées, Leonardo da Vinci dure pas loin de deux heures et demande une bonne concentration, ce qui le réserve à un public de joueurs habitués.

Conclusion

Malgré quelques petits défauts (hasard pas toujours facile à maîtriser, bonne concentration nécessaire), Leonardo da Vinci est un jeu particulièrement soigné, où des mécanismes classiques ont su être travaillés pour donner un jeu original, entre autre dans sa façon d’être joué. Doté d’un matériel de qualité, de parties particulièrement interactives, de nombreux choix tactiques et de parties variées, le plaisir de jeu est au rendez-vous. La tension générée par l’interaction et le final de la partie donne tout son sel à ce jeu qui mérite qu’on s’y arrête.

Si le jeu n’est réellement intéressant qu’à 4 ou 5, il reste, à mon avis, un "must" du jeu de gestion dans ces configurations là.