Le jeu

Les joueurs vont participer à la construction de la ville de Saint Petersbourg. Pour cela, ils devront gérer au mieux leur argent pour acquérir les artisans, nobles et bâtiments qui leur permettront d’atteindre la victoire. Saurez-vous faire les bons choix et acheter les bonnes cartes pour vous assurer la victoire ?

Comment ça marche

Sankt Petersburg est avant tout un jeu de cartes. Le plateau n’est là que pour faciliter la mise en place des cartes et leur manipulation au cours de la partie. Il existe 4 types de cartes : les cartes artisan, les cartes bâtiment, les cartes noble et les cartes d’échange qui permettent de remplacer une carte de l’un des 3 autres types.

Chaque tour de jeu est divisé en 4 phases (artisan, bâtiment, noble et échange). Au début de chaque phase, on pioche des cartes dans la pile correspondante de manière à ce qu’il y ait 8 cartes de disponible. Par exemple, si après une phase d’artisan, il reste 3 artisans et 1 noble du tour précédent, on piochera 4 cartes bâtiment. Ensuite, les joueurs exécutent une action chacun leur tour : acheter une carte, prendre une carte en main, payer une carte en main, passer.

Pour acheter une carte, un joueur prend l’une des cartes disponibles sur le plateau et en paye le coût (indiqué en haut). Il pose ensuite cette carte devant lui. Lors du paiement, le joueur peut profiter de réduction (si la carte est présente depuis longtemps ou s’il possède des cartes identiques à celle qu’il achète, principalement).

Un joueur peut aussi prendre une carte de son choix en main. Cela ne lui coûte rien, mais un joueur ne peut pas avoir plus de 3 cartes en main.

A son tour, un joueur peut jouer une carte de sa main : il en paye alors le coût et la pose devant lui.

Un joueur peut aussi passer. Une manche prend fin lorsque tous les joueurs ont passé à la suite. On effectue alors le décompte de la manche.

A la fin de chaque manche, les cartes correspondantes rapportent (des points de victoire ou des revenus). Par exemple, à la fin d’une phase de bâtiment, tous les bâtiments possédés par les joueurs leur rapportent (aussi bien les bâtiments achetés lors des tours précédents que ceux achetés ce tour-ci).

La 4° et dernière phase d’un tour est un peu spéciale. Il s’agit de la phase d’échange. Les cartes d’échange peuvent être des cartes artisan, noble ou bâtiment. Lorsqu’un joueur achète une carte d’échange, il doit remplacer une carte du type correspondant, qu’il possède. Les cartes d’échange permettent d’améliorer les cartes que l’on possède déjà. Cependant, à la fin de la phase d’échange, il n’y a pas de décompte. On descend juste les cartes de la première ligne du plateau sur la seconde (elles coûteront alors 1 rouble de moins) et on retire du jeu les cartes qui se trouvent encore sur la deuxième ligne. On commence alors un nouveau tour.

Au cours du jeu, les cartes artisan servent principalement à gagner de l’argent, les cartes bâtiment à gagner des points de victoire et les cartes noble rapportent un peu des deux.

La partie s’arrête à la fin du tour durant lequel l’un des 4 paquets de cartes a été épuisé. Les joueurs ajoutent alors au score qu’ils ont acquis pendant la partie un certain nombre de points correspondant au nombre de nobles différents qu’ils possèdent. Le joueur qui a le plus de points remporte la partie.

Critique

Sankt Petersburg est un jeu difficile à cerner. Il est très difficile de donner envier d’y jouer, car il n’est pas facile à expliquer. Ce n’est qu’après une première partie qu’on se rend vraiment compte de quoi il s’agit.

On peut dire que Sankt Petersbourg est un jeu de cartes basé sur un mécanisme de gestion. Comme c’est un jeu de cartes, il conserve une bonne part d’aléatoire et il faut composer avec le tirage pour espérer gagner. Mais, contrairement à la plupart des jeux de cartes, on n’a aucune carte en main (sauf lorsqu’on en prend une, mais c’est toujours pour s’en débarasser). Les cartes sont piochées et posées sur un plateau où les joueurs vont les acheter. Et pour acheter les bonnes cartes, il faut bien gérer son argent. Ne pas trop dépenser et essayer de gagner toujours plus d’argent pour acheter de plus en plus de cartes. Mais contrairement aux autres jeux de gestion tel Puerto Rico, Goa, Funkenschlag, etc., il est plus simple, moins calculatoire et plus court. Sankt Petersbourg est donc un jeu difficile à cerner (jeux de cartes mais sans cartes en main,...).

Cependant, Sankt Petersburg est un jeu plaisant à jouer. Il faut constamment faire des choix : "Dois-je prendre cette carte ou plutôt celle-ci qui est un peu moins chère ?" "Faut-il que je prenne cette carte en main ou est-ce totalement inutile ?"... La plupart de ces choix reflètent des décisions tactiques, souvent importantes. Aucun choix n’est anodin à Sankt Petersburg, et c’est ce qui fait le sel de ce jeu. Il faut savoir engranger de l’argent pour ne pas se retrouver à court, tout en pensant à gagner des points de victoire. L’une des bonnes idées du jeu repose sur les fameuses 8 cartes qui seront disponibles au début de chaque phase. Par exemple, dans une partie à 4 joueurs, nous sommes dans la phase de bâtiment. Lors de la prochaine phase (phase de nobles) je jouerais en dernier. Il y a 3 emplacements libres sur le plateau. Si la phase de bâtiments se termine maintenant, on ne placera que 3 nobles sur le plateau. Si je suis intéressé pour avoir un nouveau noble, il faut donc que je prenne une carte pour libérer une place supplémentaire et ainsi avoir une chance de prendre un nouveau noble. Evidemment, il faut prendre une bonne carte. Si je la paye, elle doit me laisser suffisamment d’argent en main pour acheter le noble après. Si je décide de la prendre en main, il faut que je choisisse une carte qui pourra se révéler intéressante par la suite. La gestion des "places libres" sur le plateau se révèle primordiale dans le jeu.

L’autre bonne idée du jeu vient des réductions. Il y a plein de moyens de payer des cartes moins chères : cartes identiques, cartes se trouvant sur la deuxième ligne, cartes ayant une capacité pour réduire les coûts. Dans un jeu de gestion, chaque rouble compte et il faut donc prendre en compte ces réductions qui pourront faire la différence en fin de partie.

Tout cela fait que Sankt Petersburg est un jeu agréable, qui en plus est assez rapide (1 heure environ) et simple. On y rejoue sans problème et avec plaisir, même s’il manque d’interaction entre les joueurs. Cependant, je trouve que le jeu a une courte durée de vie. Personnellement, j’ai fait une petite vingtaine de parties et je n’y jouerais plus que de temps en temps. Tout ceci pourra paraître surprenant, quand on sait que certains ont dépassé les 100 parties et continue à y jouer avec plaisir. Pour moi, le hasard est trop présent pour que je continue à y prendre du plaisir. Evidemment, ce hasard est gérable, entre autre grâce à la gestion des emplacements libres lors du passage d’une phase à une autres ou en choisissant les bonnes cartes au bon moment (ce qu’un débutant aura du mal à faire). Mais franchement, quand tout le monde connaît ces tactiques de base, le hasard devient prépondérant. Vous n’avez aucune influence sur le tirage des cartes. Même la libération de places en fin de manche, qui est indispensable pour bien jouer, est totalement dépendante du tirage de cartes et avantage souvent un joueur plus qu’un autre. Le jeu devient alors plus automatique et comme il n’existe pas beaucoup de stratégies (en gros, pour simplifier, on peut soit plutôt se concentrer sur les nobles soit plutôt sur les bâtiments), le jeu s’enlise. Mes dernières parties entre joueurs expérimentés se sont joués dans un mouchoir de poche, et seul un tirage un peu plus favorable a avantagé tel ou tel joueur. Lorsqu’il y a des écarts plus importants, c’est que le tirage a systématiquement avantagé un joueur plutôt qu’un autre. Résultat : alors que Sankt Petersburg était régulièrement joué il y a encore quelques mois, nous n’y jouons plus du tout depuis.

Conseils tactiques et stratégiques

- Pour ce qui est des scores, c’est assez variable : à 4, on peut tabler sur une petite centaine de points. Mais si un joueur s’en sort bien, il peut aller bien au-delà. Moins il y a de joueurs, plus les scores sont importants.

- Globalement, on discerne 2 stratégies : les bâtiments et les nobles. Les nobles ont un avantage, il rapporte argent et points alors que les bâtiments ne rapportent que des points. Evidemment, il est préférable de trouver un juste milieu entre ces deux extrêmes. Il est préférable de commencer avec les nobles car l’argent est important puis d’acheter des bâtiments (leur coût est trop élevé en début de partie). En fin de partie, il peut être intéressant de racheter quelques nobles pour obtenir un gros bonus.
- En début de partie, vous devez garder suffisamment d’argent pour acheter des artisans. En effet, en début de partie, vous avez besoin d’accumuler de l’argent pour pouvoir acheter des cartes puissantes par la suite. Il est très mauvais de se retrouver à cours d’argent au début d’une phase d’artisan.
- Si une carte vous intéresse mais qu’elle vous coûterait trop cher, vous pouvez la prendre en main. Cependant, n’oubliez pas que vous ne pouvez pas avoir plus de 3 cartes en main, évitez donc de remplir votre main trop vite.
- Lorsque vous possédez Sternwarte, je pense qu’il est préférable d’aller piocher des artisans en début de partie, puis des nobles (ou des bâtiments si vous avez choisi une stratégie vraiment axée sur les bâtiments).

- Souvent sous-évaluée, la Schenke offre de nombreux avantages. Avoir les 2 n’est pas du tout une mauvaise chose. Ce n’est pas un bâtiment qui vous servira souvent, mais en fin de partie, il permet de faire beaucoup de points.
- Si vous avez choisi une stratégie plutôt axée sur les bâtiments, n’oubliez pas d’acheter quelques nobles pour gagner quelques points lors du décompte final et ainsi éviter de vous faire rattraper. Car, si vous jouez plutôt les bâtiments, vous devrez avoir une grosse avance en points avant le décompte des nobles.
- N’oubliez pas de faire attention aux nombres de cartes qui seront piochées lors de la phase suivante : il ne faut pas hésitez à prendre une carte en main pour libérer de la place et ainsi avoir plus de choix ou obtenir la possibilité d’avoir une "nouvelle" carte.

Public

Sankt Petersburg s’adresse plutôt à un public qui a un peu l’habitude de jouer. Les choix tactiques sont nombreux et il faut constamment prendre des décisions. Cependant, les règles sont simples et les parties courtes, Sankt Petersburg peut donc être joué avec des personnes un peu moins habituées, surtout si elles n’aiment pas trop les interactions directes. Le jeu n’est pas trop conseillé pour une première initiation : trop austère, trop de choix. Lors des nombreux tests que j’ai pu faire, le jeu a été plutôt apprécié par la plupart des joueurs.

Conclusion

Doté d’un design original qui me plaît bien (mais que certains trouvent très moche), de règles très bien ficelées et offrant de nombreux choix aux joueurs, Sankt Petersburg fut très remarqué en 2004, obtenant une place de finaliste du prestigieux Spiel des Jahres et décrochant le deutscher Spielepreis. Et vu l’accueil qu’il a reçu autour de moi, ce n’est pas étonnant. Cependant, on peut lui reprocher un certain manque d’interaction, et pour ma part, une durée de vie un peu limitée. Evidemment tout le monde ne fait pas 20 parties d’un jeu de 1 heure et Sankt Petersburg peut alors garder un intérêt certain. Cependant, cette durée de vie trop courte (à cause d’un hasard qui devient prépondérant quand on a compris les rouages du jeu) lui empêche d’obtenir une très bonne note.


Vous pouvez acheter Sankt Petersburg dans toutes les bonnes boutiques spécialisées et plus particulièrement au Temple du Jeu.