Le jeu

Star Realms est un jeu de combats spatiaux. A la tête d’une flotte intersidérale, vous allez essayer de détruire le vaisseau amiral adverse. Pour ça, vous allez créer un "deck" de vaisseaux qui seront de plus en plus puissants. Saurez-vous créer une meilleure armée que votre adversaire pour le détruire ?

Comment ça marche

Star Realms est un jeu pour 2 joueurs. Chaque joueur dispose d’un deck initial de 10 cartes contenant des vaisseaux générant de l’argent et d’autres générant des points de combat. L’argent permet d’acheter des vaisseaux dans un marché au centre de la table. Dès qu’une carte est prise, elle est remplacée par une nouvelle. On peut aussi acheter des bases, qui, contrairement aux vaisseaux, restent sur la table à la fin du tour.
Certains vaisseaux font des points de dégâts qui peuvent servir à détruire les bases sur la table et/ou à attaquer directement l’adversaire. Chaque joueur commence avec 50 points de vie, le premier à 0 a perdu.

Critique

Star Realms fait partie de la famille des jeux de deckbuilding à row (ou ligne d’achat en français). Dans ces jeux, chaque carte achetée est remplacée par une nouvelle, différente de la précédente. Cela diffère des jeux de deckbuilding à marché où l’on connait les cartes dès le début de la partie. Le stock de cartes est limité, mais il n’y a pas de nouvelles cartes disponibles en cours de partie. C’est le cas de Dominion par exemple.
Les jeux de deckbuilding à ligne d’achat sont apparus quelques années auparavant, avec Ascension. Les auteurs de Star Realms ont participé au projet Ascension et ont développé un jeu à l’univers graphique plus consensuel.
Vendu dans une toute petite boîte, à peine plus grosse qu’un paquet de cigarettes, Star Realms joue clairement la carte de la portabilité : le jeu peut se glisser dans la poche de son manteau pour être joué sur un coin de table.
Les règles s’expliquent en 2 minutes et la partie en dure 20. Fun, facile à jouer, facile à comprendre, rapide et "interactif", le jeu a de très nombreuses qualités.

Côté mécanique, pas grand chose de neuf : on retrouve l’habituel deck de 10 cartes pour commencer la partie, les cartes qui génèrent des sous pour acheter de nouvelles cartes et celles qui font des points de victoire (ici, des points de dégâts à l’adversaire, mais c’est fondamentalement la même chose : au lieu d’être le premier à 50, il faut réduire les points de l’autre à 0). Les bases sont directement inspiré des artefacts de Ascension. La différence notable étant qu’on peut les détruire en utilisant des points de dégâts. Certaines, appelées Avant-poste, protègent même le joueur tant qu’elles sont en jeu.
Comme à Ascension, on retrouve les 4 couleurs de cartes, correspondant aux 4 grandes familles. A Star Realms, on a le rouge qui est plutôt autour de l’épuration du deck, le vert pour faire les gros dégâts, le jaune pour piocher et faire défausser et le bleu pour se réparer et avoir un peu de sous. C’est très schématisé et il y a évidemment des cartes qui font des dégâts dans toutes les couleurs, mais c’est le schéma global du jeu.
La principale nouveauté vient des capacités d’alliés : lorsque l’on joue une carte, elle a un effet, mais elle peut gagner un effet supplémentaire si une autre carte de la même couleur est présente en jeu. On va donc essayer de créer des synergies en utilisant des cartes de même couleur qui vont se booster entre elles. On avait déjà un peu cela dans Ascension, où les cartes de même couleur "fonctionnait" mieux ensemble, mais c’est clairement renforcé ici par ces capacités d’alliés.

L’idée des cartes qui peuvent être retirées du jeu pour donner un bonus fonctionne aussi plutôt bien. C’est pas nouveau, mais c’est clairement beaucoup plus central à Star Realms. La bonne utilisation de ces pouvoirs pour avancer dans la partie est assez importante et peut faire la différence.

Le jeu est très rapide, certaines parties peuvent être pliées en 5-10 minutes si un joueur a de la chance au tirage. Comme dans la plupart des deckbuilding, il peut être intéressant de faire attention à ce que prend l’autre pour s’adapter et choisir les cartes en fonction. Mais l’interaction reste minime. Pourtant, ce fut souvent l’un des atouts de Star Realms qui fut mit en avant : il était plus interactif que la concurrence. En effet, on "tapait" sur son adversaire et c’était donc bien mieux que les autres jeux où on collectionnait des points de victoire. En y regardant de plus près, gagner des points de victoire ou en retirer à l’adversaire, c’est un peu la même chose. La thématique de Star Realms est plus agressive, mais sa mécanique n’est pas foncièrement plus interactive. Comme dans la plupart des jeux du genre, vous pouvez jouer sans vous souciez le moins du monde de ce que fait votre adversaire, en vous concentrant sur la construction de votre deck, ça ne vous empêchera pas de gagner. Mais, comme dans tous les jeux de deckbuilding, il sera intéressant de tenir compte de ce que fait votre adversaire pour vous adapter le cas échéant, et faire des choix plus pertinents.

Evidemment, le système à ligne d’achats rend le jeu beaucoup plus aléatoire que pour les deckbuilding à marché. Cependant, bien construire son deck, l’adapter aux achats de l’adversaire, bien profiter de ce qui vient sur la ligne d’achat, est essentiel pour augmenter ses chances de victoire. On est donc face à un jeu assez aléatoire, mais très fun, facile à prendre en main et dont les parties sont très rapides ce qui fait que le hasard y est moins gênant.

Comme beaucoup de jeux de deckbuilding, Star Realms souffre d’une certaine répétitivité, les cartes n’étant pas si nombreuses, les parties peuvent finir par se ressembler. Les extensions, très nombreuses, finissent évidemment par gommer ce sentiment. Mais, pour un jeu aussi court, qu’on peut sortir pour faire une petite partie "vite fait", le jeu de base fait déjà bien le travail.

Certains regrettent le système de comptage des points de vie qui utilisent des cartes recto-verso, qu’on retire au fur et à mesure des dégâts (où qu’on ajoute quand on se soigne). Ce système n’est pas intuitif, mais, à l’usage, ça fonctionne bien. Certains préféreront prendre un papier et un crayon, j’avoue que nous utilisons toujours les cartes. Avec le temps, on s’y est fait (et c’est très bien pour faire faire un peu de calcul aux enfants, même si ce n’est pas le but d’un jeu).

Conseils tactiques et stratégiques

- La puissance des cartes varie énormément en fonction du moment du jeu : les cartes qui font beaucoup de sous sont très fortes en début de partie, mais perdent rapidement de la puissance. C’est le cas aussi des cartes qui écartent.
- Essayez de rester attentif à ce que prend votre adversaire : s’il a un jeu très agressif et a réussi à prendre des vaisseaux à dégâts en début de partie, vous n’aurez pas forcément le temps d’aller chercher des cartes à sous. Si vous n’arrivez pas à acheter des cartes à dégâts, prenez des bases pour vous protéger.
- En début de partie, il est souvent préférable de détruire toutes les bases que votre adversaire met en jeu. Au fur et à mesure que la partie avance, c’est de moins en moins vrai. Mesurez au mieux s’il est préférable de détruire la base ou bien d’attaquer directement l’adversaire.
- Evitez de vous dispersez dans la construction de votre deck. Les decks bi-colore sont souvent les plus efficaces.
- Les cartes qui font piocher sont toujours intéressantes. Même si elles ne sont pas de votre couleur, elles "n’alourdissent" pas votre deck et vous pouvez donc toujours les prendre.
- Acheter n’est pas toujours un bon choix. Il peut être préférable de ne rien prendre que de prendre une carte qui ne fera pas grand chose dans votre deck. Cependant, les cartes qui font piocher ou celles qui peuvent "s’auto écarter" sont moins gênantes. Les Explorer sont rarement un mauvais choix, surtout en début de partie, puisque vous pourrez toujours les virer de votre deck en faisant 2 dégâts.
- N’oubliez pas que les "Avant-postes" vous protège et donc, même s’ils ont des pouvoirs faibles, ils peuvent vous faire "gagner" quelques précieux points de vie.

Public

Star Realms est un jeu très accessible, plutôt facile à prendre en main, même avec des enfants dès 8 ans (voire moins si c’est un enfant habitué à jouer). La mécanique de deckbuilding est parfois déroutante, mais passé cet écueil, les parties seront fluides. Les joueurs plus habitués trouveront sûrement le jeu un peu "pauvre", mais la rapidité des parties pourra en séduire plus d’un.

Conclusion

Star Realms, même encore aujourd’hui, reste un jeu de deckbuilding simple et rapide. Sa mécanique est très efficace et si le hasard peut parfois y être très énervant, on devient réellement plus efficace avec l’expérience. C’est une très bonne première expérience du deckbuilding, et, même en ayant essayé d’autres titres, il est toujours plaisant d’y revenir quand on veut se faire un petit jeu rapide et pas trop prise de tête.