Le jeu
Dans ce jeu, les joueurs sont des princes à Florence (genre Medici, Borgias,...), qui vont promouvoir les arts et les sciences.
Les joueurs vont attirer des artistes et des scientifiques à leur cour (sous forme de cartes) et vont tenter de leur faire réaliser des oeuvres les plus belles possibles. Pour cela, les joueurs vont devoir créer, à leur cour (représentée par un plateau personnel), un environnement qui sera propice à l’élaboration de ces oeuvres.
Mais arriverez-vous à contenter tous vos artistes pour gagner un maximum de prestige ?
Comment ça marche ?
Au début de la partie, chaque joueur possède une principauté, dans laquelle ne se trouve que son palais, un peu d’argent et 3 artistes distribués en début de partie.
Chaque tour, la partie n’en compte que 7, est divisé en 3 phases :
une phase d’enchères, durant laquelle chaque joueur tentera d’acquérir un "objet",
une phase d’enchères, durant laquelle chaque joueur tentera d’acquérir un "personnage",
une phase d’action, durant laquelle chaque joueur pourra réaliser 2 actions.
La 1° phase d’enchères
Durant cette phase, les joueurs vont pouvoir acheter un "objet" et un seul. Aux enchères, on peut acheter :
des paysages : il y’en a de 3 types, de différentes tailles, qui plaisent à différents artistes,
des saltimbanques : ils plaisent à tous les personnages,
des cartes de recrutement : pour "récupérer" des artistes jouer par d’autres joueurs,
des cartes de prestige : elles permettent de gagner des points de victoire en fin de partie, sous certaines conditions,
des architectes : ils permettent de construire plus facilement des bâtiments lors de la phase d’action.
La 2° phase d’enchères
Durant cette phase, les joueurs vont tenter de s’octroyer les faveurs d’un personnage et d’un seul. Il existe 6 personnages :
Cardinal : il permet de réaliser 3 actions au lieu de 2 durant la phase d’actions.
Professeur : il permet de récupérer une carte Bonus ou une carte Prestige.
Banquier : il permet de récupérer de l’argent.
Muse : elle permet de valoriser les oeuvres jouées lors de la phase d’action du tour.
Princesse : elle permet de réaliser une oeuvre sans utiliser d’artistes. La valeur de l’oeuvre est fonction du nombre de bâtiments, de paysages et d’architectes possédé par le joueur.
Marchand : il permet de ne pas payer la 1° enchère du tour suivant.
Ces personnages sont remis aux enchères à chaque tour. Cette phase est optionnelle et a été ajoutée dans la dernière édition du jeu, on l’appelle "Muse et princesse".
La phase d’action
Durant cette phase, les joueurs vont pouvoir réaliser 2 actions. Les actions réalisables sont les suivantes : acheter une liberté (permet de contenter certains personnages, réalisable une seule fois par tour), acheter un personnage (réalisable une seule fois par tour), acheter un bâtiment (pour contenter certains personnages), acheter une carte bonus (pour améliorer la valeur d’une oeuvre), réaliser une oeuvre (c’est-à-dire jouer une carte personnage : en fonction de ce que le joueur possède dans sa principauté et de ce que le personnage aime, l’oeuvre aura une certaine valeur qui pourra rapporter de l’argent et/ou des points de victoire au joueur).
Lorsque chaque joueur à réaliser ses deux actions, on passe au tour suivant en changeant de premier joueur. Après 7 tours de jeu, le joueur qui a marqué le plus de points est le vainqueur.
Critique
Les Princes de Florence est la réédition française de Die Fürsten von Florenz, un jeu de la gamme Alea publié en 2000. L’éditeur français, Ystari, n’a pas fait les choses à moitié : le matériel a été entièrement redessiné, avec des illustrations vraiment magnifiques et des tuiles plus épaisses. De nouvelles règles, signées Kramer et Ullrich ont été ajoutées. C’est donc une nouvelle version enrichie qui nous arrive en français, ce qui n’est pas un luxe vu la quantité de textes présents sur les cartes.
Les Princes de Florence est un jeu tendu : la partie dure 7 tours durant lesquels les joueurs vont réaliser 2 enchères et 2 actions. Chaque erreur coûte donc très cher. Les deux enchères utilisent un système différent, ce qui évite d’avoir un sentiment de répétitivité. Ces deux enchères sont au coeur de l’interaction du jeu. Chaque "objet" et "personnage" ne peut être utilisé que par un seul joueur par tour. il faut donc cibler ses besoins et savoir à quel prix les acheter. Car l’argent reste le coeur du jeu, aussi bien pour les enchères que pour les points de prestige. Si on dépense trop d’argent lors de la réalisation des oeuvres pour gagner des points, les enchères suivantes risquent d’être difficiles ; si on en prend trop, on perd des points. Le juste équilibre est difficile à trouver, surtout que la bonne somme à prendre dépend des enchères à venir, qui sont toujours difficile à estimer.
La phase d’action, quant à elle, est moins interactive, même s’il est important de surveiller qui possède des cartes Recrutement et que la bataille pour la plus belle oeuvre du tour peut être très tendue.
Les Princes de Florence est un jeu riche, où le thème est plutôt bien rendu : attirer les artistes et tenter de leur donner un environnement favorable pour leur travail est vraiment agréable et la mécanique est très bien huilée. L’ajout de la nouvelle phase d’enchères "Muse et Princesse" est un plus indéniable par rapport au jeu original qui n’offrait qu’un chemin principal vers la victoire avec, évidemment, des variations ; Ces 6 nouveaux personnages offrent clairement de nouvelles possibilités tactiques et stratégiques. Même si cette règle est considérée comme optionnelle, je ne me vois plus jouer sans tellement elle apporte au jeu.
Une autre variante a été ajoutée, la variante "collaborative" : les joueurs possèdent maintenant des principautés plus rectangulaires que carrées qui sont collées à celles de deux autres joueurs. Il est maintenant possible de construire des bâtiments à cheval sur deux principautés. Cela ajoute une phase de négociations intéressantes mais qui rallongent évidemment la durée des parties. Lorsqu’on a un peu plus de temps, cela permet de varier les parties et de changer les sensations de jeu. C’est donc un petit plus intéressant.
Doté d’un thème bien rendu et attrayant, d’une mécanique parfaitement huilée, d’un matériel de qualité et de parties très tendues grâce aux enchères et au nombre réduit d’actions disponible, Les Princes de Florence est un grand jeu. Chaque action doit être mesurée, chaque erreur coûte cher, chaque enchère doit être calculée au plus juste. La tension monte au fur et à mesure du jeu et devient de plus en plus palpable tout après tour. Les mains deviennent moites, à chaque enchère, on observe ce que chacun souhaite acquérir, on essaye de voir sur quoi se battre. Rares sont les jeux qui offrent une telle tension, avec un suspense présent jusqu’au bout, car il est difficile de savoir où en est chaque joueur. Certains prennent du retard et cartonnent dans les derniers tours, d’autres on du retard mais possèdent des cartes Prestige et cela rend la lecture du score difficile, mais la tension d’autant plus palpable. Cependant, cette tension naît surtout de la concurrence, et donc le jeu perd lorsqu’on descend le nombre de joueurs. A 2 ou 3 joueurs, on garde le coté construction, avec quelques variantes qui permettent de renforcer un peu les enchères, mais c’est à 4 et surtout à 5 que le jeu prend tout son sel.
Conseils tactiques et stratégiques
Une partie se gagne en environ 80 points.
Pour les débutants, je pense qu’il est nécessaire d’appuyer sur l’importance des cartes de prestige et des saltimbanques. Les débutants ont en effet tendance à sous-estimez la puissance des ces deux "objets", souvent au profit des architectes. Souvenez-vous toujours que les saltimbanques plaisent à tous les personnages et que les cartes de prestige peuvent rapporter de précieux points en fin de partie. Il est beaucoup plus difficile de remporter une partie sans saltimbanque que sans architecte.
Au premier tour, un saltimbanque vaut 1000 florins, au moins.
Rappelez vous aussi que la place est limitée dans votre principauté et que vous devrez faire attention à l’agencement de vos bâtiments et paysage. Ne soyez pas trop gourmand, car vous pourriez manquer de place pour placer des "objets" importants en fin de partie.
En début de partie, évitez de jouer les personnages qui rapportent le plus de points. Il est en effet préférable de jouer des oeuvres qui rapportent peu de point mais qui atteignent les minima que de jouer celles qui rapportent le plus de points à ce moment de la partie. En effet, ces dernières seront toujours jouables en fin de partie alors que les autres ne le seront plus : vous perdriez ne nombreux points de prestige. Faites quand même attention au bonus accordé à la plus belle oeuvre, il peut être très utile pour remporter la victoire.
N’oubliez pas que la princesse peut vous permettre de réaliser une oeuvre sans jouer de cartes Personnage. Cela permet de faire rentrer de l’argent dans les caisses sans jouer vos cartes qui peuvent s’avérer utile.
Les cartes Recrutement sont aussi très importantes : elles valent 1 point par oeuvre (la moitié d’un saltimbanque) et peuvent vous permettre de réaliser une oeuvre supplémentaire.
Les cartes Personnage sont rares, surtout à 5 joueurs. Il est donc important d’en récupérer rapidement. Elles permettent de réaliser des oeuvres "pour l’argent", et augmentent la valeur de toutes vos oeuvres.
Au dernier tour, n’oubliez pas le pouvoir du Banquier qui peut rapporter beaucoup de points si vous avez gardé trop d’argent.
N’oubliez le second pouvoir du Marchand (gagner autant de points de Prestige que votre place) si vous récupérez ce dont vous avez besoin à pas cher.
Public
De par les choix assez nombreux qu’il offre et la longueur de ses règles, "Les Princes de Florence" est un jeu qui s’adresse plus à un public de joueurs avertis, ayant déjà l’habitude des jeux de plateau. Cependant, la qualité et l’originalité de son thème peuvent séduire certains joueurs occasionnels attirés par les jeux plus exigeants et effacer certaines difficultés du jeu. De plus, les règles progressives offrent de nombreuses options pour les joueurs exigeants.
En conclusion
Les Princes de Florence est un jeu qui est servi par un matériel de qualité et un thème intéressant. De nombreuses stratégies sont possibles, surtout avec l’utilisation de la variante "Muse et princesse". Même si le jeu gagne surtout à être joué à 5, il fait partie des tout meilleurs jeux dans cette configuration.
Le travail de l’auteur et de l’éditeur sur cette nouvelle version ajoute, à mon avis, ce qui manquait à "Princes de Florence" pour en faire un grand jeu. Cette nouvelle version obtient donc sans problème la note maximale et rentre dans mon Top 5. Un incontournable pour tous les amoureux du jeu de gestion à l’allemande.