Le jeu
Rumis signifie "pierre" en langue quechua, la langue parlée par les incas. Les joueurs sont des architectes qui vont bâtir de grands édifices et tenter de gagner respect et gloire. Ils devront pour cela faire preuve de ruse pour placer leurs pierres au sommet de l’édifice et ne pas être bloqué par leurs adversaires.
Saurez-vous déjouer les pièges de vos adversaires et placer vos pièves habilement ?
Comment ça marche
Rumis est un jeu aux règles très simples. Chaque joueur possède 11 pièces : elles représentent les 11 manières d’assembler 2, 3 ou 4 petits cubes entre eux (genre Tetris mais avec des formes en 3D. Au début de la partie, les joueurs doivent choisir un scénario, c’est-à-dire un plateau de jeu. Sur chaque plateau, la surface "utile" est différente, ainsi que les règles qui régissent la hauteur maximale à ne pas dépasser.
Au premier tour de jeu, le premier joueur doit poser une pièce de manière à ce qu’elle soit dans les limites autorisées (en surface et en hauteur) sans laisser de morceaux en suspension (cette règle est valable pour toute la partie). Ensuite, durant le premier tour de jeu, chaque joueur doit une pièce qui soit à la fois en contact avec une pièce adverse et avec le sol. A partir du deuxième tour de jeu, toute pièce posée doit toucher, par au moins une face, une pièce de la même couleur sans jamais dépasser la hauteur limite. Lorsqu’un joueur ne peut plus jouer (soit parce qu’il ne peut plus se coller à des pièces de sa couleur, soit parce qu’il dépasserait la hauteur limite), la partie est terminée pour lui. On continue ensuite jusqu’à ce que tous les joueurs aient joué.
Chaque joueur compte ensuite ses points : on gagne un point pour chaque face de sa couleur visible du haut de la construction et on perd 1 point par pierre que l’on n’a pas posé.
Critique
Rumis a su allier une grande simplicité de règles à une grande profondeur tactique dans un jeu jouable de 2 à 4 joueurs en 30 minutes : c’est un bel exploit. En plus, s’il est vrai que pour les plateaux de jeu, on a vu plus beau ailleurs, les pièces des joueurs sont en bois, ce qui ne gache aucunement le plaisir de jouer.
La première qualité de Rumis est d’être jouable aussi bien à 2, 3 ou 4 joueurs. Il est en effet assez rare de trouver un jeu qui soit aussi intéressant quel que soit le nombre de joueurs. Les parties étant assez courtes, il est facile de prendre une revanche. D’autant plus facile que les parties sont courtes.
C’est un jeu qui demande une certaine gymnastique du cerveau. En effet, il faut tenir compte de plusieurs facteurs lorsque l’on joue un coup : tenter d’être visible sans que l’adversaire ne puisse nous cacher, toujours garder une porte de sortie pour ne pas se retrouver bloquer, et tenter de bloquer son ou ses adversaires pour qu’il ne puisse plus jouer. Chaque coup sera donc un dilemne et il faudra souvent choisir une option au détriment d’une autre : s’étendre pour avoir accès à un autre endroit du plateau ou au contraire s’élever pour être visible et gagner des points en fin de partie. Le choix n’est pas aisé et c’est ce qui rend Rumis si passionant.
Malgré des règles simples et des parties courtes, Rumis possède une durée de vie appréciable. Ceci est en grande partie dû aux 4 plateaux de jeu différents qui se trouve dans la boite :
le mur : surface au sol en forme de L et hauteur limite peu élevée.
la tour : surface au sol en forme de petit rectangle et hauteur limite très élevée.
la pyramide : surface au sol carrée, limite de hauteur variable pour pouvoir créer une pyramide.
l’escalier : surface au sol vaguement en forme de triangle et hauteur limite variable pour créer un escalier.
Ces différents plateaux et la diversité des tactiques en fonction du nombre de joueurs confèrent une très bonne durée de vie à ce jeu. Les parties sont toujours tendues et le seul véritable défaut est que le plateau "pyramide" n’est pas intéressant à 2 joueurs (trop grand). Il est par contre intéressant de voir la grande diversité des tactiques possibles en fonction du nombre de joueurs. Par exemple, un joueur habitué à jouer à 2 pourrait facilement faire des erreurs "idiotes" dans une partie à 4 joueurs. En effet, comme il y a 3 joueurs qui vont jouer avant vous, vous risquez de vous retrouvez bloquer très facilement, ce qui ne peut pas arriver à 2 (en tout cas pas aussi facilement).
Conseils tactiques et stratégiques
N’oubliez pas que vous devez toujours être visible sur l’une des faces de la construction pour pouvoir vous étendre.
Si le but du jeu est bien d’être visible du haut de la construction, n’en faites pas une obsession, vous pourriez vous retrouvez bloquer et ne plus pouvoir jouer. Il est au moins aussi important de jouer des coups vous permettant de poser d’autres pièces par la suite.
Les pièces qui sont en 3D (c’est-à-dire celles qu’ont ne peut pas coucher entièrement) doivent être jouées avec soin. Ce sont les plus difficiles à poser, il peut donc être judicieux de les poser rapidement pour éviter qu’elles ne vous restent sur les mains à la fin de la partie. Cependant, leurs formes permettent de faire de bons coups injouables autrement. Il parait donc judicieux d’en jouer une rapidement, mais ne garder les autres pour jouer des coups gênant. Attention cependant, il est difficile de les jouer lors du dernier quart de la partie.
L’une des pièces les plus difficiles à jouer est celle dont les 4 cubes sont tout en long. Ne cherchez pas à la jouer systématiquement "debout". Elle est souvent plus utile "couchée" pour vous donner accès à de nombreux points du plateau. "Debout", elle peut servir à "cacher" un adversaire pour lui interdire l’accès à une zone du plateau.
Sur les plateaux "en escalier", n’oubliez pas qu’il est plus difficile de s’extraire des "bas niveaux" lorsqu’on s’y retrouve bloquer. Cependant, se donner accès à ces niveaux est indispensable pour la victoire. En effet, une pièce posée à cet endroit ne peux plus être recouverte et peut donc vous apporter beaucoup de points. Si vous jouez à peu de joueurs, commencez directement sur ses premiers niveaux pour vous assurer des points. Par contre, vous ne pouvez pas le faire si vous êtes plus nombreux, les autres joueurs vous bloquerez immédiatement. Il est alors préférable de commencer la partie avec une position plus centrale et de tenter ensuite de se "réserver" une partie de la zone à 1 étage.
Public
De part ses règles simples, ses parties courtes mais ses tactiques très variées, Rumis peut satisfaire un grand nombre de joueurs, aussi bien occasionnels qu’aguerris. Il est vrai qu’un joueur maitrisant le jeu pourra facilement battre un joueur qui n’a jamais joué. Cependant, les parties sont rapides et on apprend rapidement à ne pas faire certaines erreurs. Si l’on joue à 3 et surtout à 4 joueurs, certaines surprises sont possibles ce qui rend le jeu très agréable, même pour des gens qui ont moins l’habitude.
Rumis est sûrement un jeu qui peut convenir pour faire découvrir un autre type de jeu à des personnes qui n’y connaissent rien. On découvre rapidement qu’un jeu sans hasard peut être intéressant et agréable à jouer.
En conclusion
Rumis est incontestablement une réussite : suffisamment simple pour plaire aux néophytes, il possède suffisamment de profondeur tactique et de renouvellement pour aussi convenir à des joueurs plus acharnés. Ces seconds pourront même l’utiliser pour convertir les premiers, surtout lors de parties à 4 joueurs.
En plus les parties sont rapides mais ne se ressemblent pas et le jeu peut aussi bien se jouer de 2 à 4 joueurs.
Le seul véritable défaut du jeu est donc son graphisme : la couleur orange-rouge dominante n’est pas du plus bel effet et la boite n’est pas attirante. Mais l’ensemble est relevé par des pièces en bois vraiment agréables à manipuler et l’ensemble est donc plutôt agréable.
Rumis est une grande réussite, injustement passé inaperçu mais que le jury du Spiel des Jahres (Jeu de l’année) allemand nous a révélé en le nominant en 2003. Rien à dire, cette nomination est justifiée et vous devez absolument tester ce jeu.