- Les r ?gles
Le jeu
Dans Funkenschlag, vous êtes à la tête d’un consortium qui produit de l’électricité et qui alimente les grandes villes d’Allemagne ou des Etat-Unis. Il vous faudra acheter des centrales électriques et le carburant pour les faire fonctionner, mais aussi étendre votre réseau pour alimenter un maximum de villes.
Serez-vous capable de tenir les finances de votre entreprise pour atteindre la victoire ?
Comment ça marche
Le plateau de Funkenschlag est biface. Vous devez donc commencer par choisir si vous allez jouer sur la carte des Etats Unis ou sur celle d’Allemagne. Chaque carte est divisée en 6 zones. A chaque partie, on joue sur un nombre de zones égal au nombre de joueurs (sauf à 6 joueurs où l’on ne joue que sur 5 zones). Cela fait, la partie peut commencer.
Chaque tour d’une partie de Funkenschlag est divisé en 5 phases :
Détermination de l’ordre du tour : l’ordre du tour est déterminé en fonction du nombre de villes connectées au réseau de chaque joueur. Le premier joueur sera le joueur qui aura connecté le plus de villes, le dernier celui qui en aura connecté le moins. En cas d’égalité, c’est le joueur qui possédera la centrale avec le chiffre le plus élevé qui jouera d’abord.
Achat des centrales : A tout moment, il y a 8 centrales dans le "marché aux centrales". Une centrale fonctionne avec un certain type de carburant (pétrole, charbon, déchet, uranium ou sans rien pour les écologiques) et il lui en faut une certaine quantité pour alimenter un certain nombre de villes (par exemple 2 charbons pour alimenter 5 villes ou 1 uranium pour alimenter 4 villes). De plus, il y a un chiffre différent sur chaque centrale. Ce chiffre indique le prix de base de la centrale.
Le premier joueur choisit l’une des 4 centrales avec les plus petits chiffres parmi les 8 disponibles et l’enchère se déroule classiquement. A chaque tour, chaque joueur ne peut acheter qu’une seule centrale. Le dernier joueur peut donc acheter la centrale de son choix (parmi les 4 autorisées) pour son prix de base. Les centrales sont remplacées par des centrales de la pioche au fur et à mesure qu’elles sont achetées.
Achat des matières premières : Les matières premières sont placées dans des cases numérotées de 1 à 16 (il y a toutes les cases de 1 à 8, puis les cases 10, 12, 14 et 16 ; ces 4 dernières ne servant que pour l’uranium). Les joueurs achètent leurs matières premières les uns après les autres en commençant par le dernier (c’est-à-dire le joueur qui a connecté le moins de villes). Les joueurs ne peuvent acheter que des matières correspondant à leur centrale (on ne peut pas stocker de l’uranium dans une centrale à déchet) et ils ne peuvent stocker qu’un nombre de matières premières égal au double de la capacité de fonctionnement de la centrale (on peut stocker jusqu’à 4 pétroles dans une centrale qui utilise 2 pétroles pour approvisionner 4 villes par exemple). Le prix d’une matière est indiquée par le chiffre de la case sur laquelle elle se trouve. Donc plus, le tour avance, plus les prix montent.
Construction du réseau électrique : Là encore, c’est le dernier joueur qui commence. Sur le plateau, les villes sont reliées entre elles par des connections qui ont un coût (compris entre 0 et 28). Au début de la partie, les joueurs devront s’implanter dans une première ville. Ensuite, le réseau s’étendra de proche en proche. Pour s’implanter dans une ville, il faut payer le coût de connexion entre une ville où l’on est déjà présent et la ville où l’on souhaite s’implanter ET le prix d’implantation qui est de 10, 15 ou 20. Une partie de Funkenschlag est divisé en 3 phases : durant la première phase, il ne peut y avoir qu’un seul joueur par ville (une première implantation coûte 10). A partir de la deuxième phase, il peut y avoir 2 joueurs (une deuxième implantation coûte 15) et durant la troisième phase, il peut y avoir 3 joueurs (la troisième implantation coûte 20). Durant un tour, un joueur peut s’implanter dans autant de nouvelles villes qu’il le souhaite. La seule limite est l’argent que le joueur a en caisse.
Bureaucratie : Durant cette phase, les joueurs encaissent de l’argent en fonction du nombre de villes qu’ils peuvent approvisionner. Ce nombre dépend du nombre de villes connectées à leur réseau ainsi que de leurs centrales. On effectue aussi le réapprovisionnement du marché aux matières premières, qui dépend du nombre de joueurs et de la phase en cours.
La partie prend fin lorsque l’un des joueurs a connecté un certain nombre de villes (fonction du nombre de joueurs) à son réseau. A la fin du tour, le joueur qui peut approvisionner le plus de villes est le vainqueur. En cas d’égalité, le plus riche l’emporte.
Critique
La première édition de Funkenschlag date de 1999. Le jeu avait bénéficié d’une édition plus que moyenne, mais été déjà très bon. Avec cette seconde édition, Friedemann Friese a rééquilibré les centrales et les revenus. On perd le dessin du réseau sur le plateau qui était vraiment intéressant, mais on gagne près d’une heure de jeu, ce qui est quand même appréciable. De plus, le jeu est vraiment beaucoup plus beau et donc plus agréablé à jouer. Friedemann Friese a donc fait un travail de fond sur ce qui est certainement son meilleur jeu.
L’intérêt de Funkenschlag réside dans la logique de son fonctionnement, dans des mécanismes parfaitement huilés et dans la manière de définir l’ordre du tour.
Dans Funkenschlag, on achète des centrales, on achète des matières premières pour faire fonctionner ces centrales et on brûle ces matières premières pour approvisionner des villes en électricité et ainsi gagner de l’argent. C’est simple et logique, et le jeu est donc facile à expliquer. En moins d’un quart d’heure on peut faire le tour de l’explication des règles et se lancer dans une partie dont on appréciera la qualité des mécanismes. Car, lorsque l’on joue, on se rend compte à quel point le jeu est bien huilé. Chaque mécanisme a son importance et on sent que tout a été pensé. C’est incroyable. Le jeu est vraiment exceptionnel pour cela.
L’un des points importants du jeu est l’ordre du tour. Le joueur qui a connecté le plus de villes, et qui est donc, "en théorie", en tête de la partie sera le premier joueur. Or être le premier joueur est un inconvénient majeur :
le joueur choisit sa centrale électrique en premier. Il perd du contrôle sur cette phase et peut laisser de bonnes opportunités à ses adversaires.
le joueur achète ses matières premières en dernier. Elles sont donc très chères, voire pire, elles ne sont plus disponibles.
le joueur s’implante en dernier, il n’a donc pas beaucoup de place sur le plateau et les bons emplacements risquent de lui passer sous le nez.
Evidemment, tout ceci laisse une impression bizarre : tout semble être fait pour sabrer le premier joueur. C’est vrai qu’il y a un peu de ça, mais il s’agit avant tout d’un paramètre à intégrer à sa stratégie. Les joueurs savent dès le début que c’est une mauvaise chose de jouer en premier et ils vont donc chercher à être dernier le plus souvent possible, surtout lorsque des pénuries de matières premières, un manque d’argent ou de place se feront sentir. Une part du jeu est très calculatoire : on a un budget, et avec, on doit acheter une centrale, des matières premières et des emplacements sur le plateau. Il faut donc calculer au plus juste pour réussir à obtenir tout ce dont on a besoin. Et d’un autre coté, il y a ce moment où il faudra "choisir" sa place dans le tour. En connectant un minimum de villes, on se retrouvera parmi les dernières positions et on pourra ainsi profiter de bonnes opportunités au tour suivant.
La boite de Funkenschlag indique 2 à 6 joueurs. Personnellement, je n’ai joué qu’une seule fois à 2 joueurs, et j’ai trouvé le jeu un peu plus hasardeux à cause du système de pioche des centrales. Cependant, plusieurs échos laissent entendre que le jeu resterait intéressant à 2 joueurs. Personnellement, j’aime beaucoup y jouer entre 4 et 6 joueurs et je trouve le jeu très bon dans toutes les configurations.
Quant à la durée de vie du jeu, elle me parait vraiment excellente, pour 3 raisons essentielles :
le jeu propose deux plateaux de jeu avec des physionomies différentes, et donc des manières de jouer qui diffère un peu.
on ne joue pas toujours sur la même portion du plateau. Donc avec un même nombre de joueurs, on aura encore une fois une physionomie différente à laquelle il faudra s’adapter.
le hasard dans la pioche des centrales donne des évolutions de parties qui peuvent être très différentes. Si des centrales chères arrivent très rapidement, il faudra gérer son budget au mieux et on aura un développement plus lent en début de partie avec des fins de partie plus rapide.
Après une quinzaine de parties jouées, je n’ai jamais eu l’impression de revivre deux fois la même.
Conseils tactiques et stratégiques
Lors du premier tour, n’oubliez pas que l’achat de la centrale conditionnera l’ordre de jeu pour ce tour. C’est très important, car le dernier joueur pourra à la fois économiser de l’argent et choisir en premier son emplacement de départ.
Cependant, lorsque vous vous placez en premier, n’oubliez pas que les autres joueurs joueront après vous : vous devez choisir un endroit ouvert pour ne pas souffrir de blocage dès le début de la partie.
L’emplacement initial ne conditionne pas la victoire. Par contre, si vous choisissez un très mauvais emplacement, vous pourriez être hors-jeu du début à la fin de la partie.
Lors de la construction de votre réseau, vous devrez éviter au maximum de connecter plus de villes que vous ne pouvez en approvisionner. Le seul moment où vous pouvez être amené à la faire, c’est lorsque le positionnement à un endroit particulier vous parait primordial. Mais n’oubliez à ce moment que ce que vous gagnez en positionnement, vous risquez de le perdre en étant premier ou deuxième joueur au tour suivant.
Les centrales écologiques sont intéressantes mais chères. S’il est toujours agréable d’en avoir une pour mieux gérer son budget "matières premières", il est rarement utile, voire dangereux d’en avoir plus. Elle limite en effet beaucoup le nombre de villes approvisionnées.
N’oubliez pas qu’en fin de partie, ce qui vous permettra de gagner, c’est la quantité de villes que vous pourrez approvisionner.
En fin de partie également, pensez bien que l’on peut gagner avec moins de points que le nombre de villes nécessaires pour finir la partie : un joueur peut connecter les 15 villes (dans une parties à 5 joueurs) alors qu’il ne peut en approvisionner que 13. Cependant, si aucun adversaire ne peut approvisionner plus de villes, il remportera la partie avec "seulement" 13 points.
Réciproquement, on peut aussi gagner avec beaucoup plus de points. Si vos centrales ne vous permettent que d’approvisionner 15 villes (dans une partie à 5), vous pouvez être battu par un joueur qui arrivera à faire 16, 17 voire 18 points.
Pour finir, n’oubliez jamais que l’argent départage les égalités et permet de faire de bons coups en fin de partie : dès le début, vous devez penser à économiser de l’argent. Tout ce que vous économiserez au début pourra vous aider à gagner la partie par la suite.
Public
Les règles de Funkenschlag sont relativement simples, cependant le jeu s’adresse plutôt à un public joueur, pour 2 raisons :
les parties durent plus de 2 heures, ce qui rebutera les joueurs occasionnels,
le jeu est assez calculatoire et nécessite une bonne gestion de son argent tout au long de la partie.
En plus, si le thème est bien rendu, il n’est pas très attrayant.
Cependant, Funkenschlag a plu à presque tous les joueurs qui l’ont essayé autour de moi. De plus, il peut représenter un bon moyen de faire essayer des gros jeux à des joueurs occasionnels grâce à la relative simplicité de ces règles.
En conclusion
Funkenschlag est un jeu parfaitement réussi : la mécanique tourne sans problème et on voit à quel point elle a été testée, la durée de vie est importante et les tactiques sont très variées en fonction de l’expansion des autres joueurs et de l’ordre d’arrivée des centrales. Si le thème n’est pas particulièrement attrayant au premier abord, il faut bien admettre qu’il est très bien rendu. De plus, par rapport à la première version du jeu, Friedemann Friese a effectué un réel travail de développement pour nous offrir un jeu encore plus abouti et équilibré.
Après Finstere Flure, qui était un jeu tout public et Fische Fluppen Frikadellen, qui était un jeu plus tactique, Friedemann Friese nous offre avec Funkenschlag un jeu pour joueurs d’une grande qualité. On se rend compte à quel point cet auteur est génial, capable de proposer des jeux de qualité aussi bien pour un public occasionnel que pour des gros joueurs. Vivement son prochain jeu !
Règles simples, durée raisonnable pour un gros jeu, multiples tactiques, grosse durée de vie, je ne peux que vous conseiller d’essayer au plus vite Funkenschlag.
Vous pouvez acheter Funkenschlag dans toutes les bonnes boutiques spécialisées et plus particulièrement au Temple du Jeu.